Le 22 mai 2024, le MEDD présentait officiellement le projet d’appui à la transition vers la mobilité électrique à Madagascar. Au cœur de cette stratégie se posait la question de la mobilité électrique pour les grandes villes. Dans cette perspective, deux sites pilotes ont été établis, notamment dans la Commune de Toamasina I et la Commune Urbaine d’Antananarivo.
« Ces sites serviront de terrain d’essai pour l’introduction des véhicules électriques et des infrastructures de recharge », avait fait savoir Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable. L’objectif est de démontrer la viabilité et les avantages du transport électrique à Madagascar afin de promouvoir son adoption à plus grande échelle dans tout le pays.
Transition énergétique
De plus en plus d’entreprises se dotent d’une flotte de véhicules électriques qui arborent fièrement l’inscription « je suis branché » ou autre « 100% électrique ». Comme dans d’autres domaines Madagascar « suit » donc la tendance mondiale dans l’électrification et ou l’hybridation des véhicules, même si elle reste à petite échelle.
Le projet d’appui à la transition vers la mobilité électrique à Madagascar est financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et mis en œuvre par le MEDD en collaboration avec plusieurs autres ministères tels que celui du Transport et de la Météorologie, celui de l’Energie et des Hydrocarbures, ainsi que celui de l’Économie et des Finances. « Comme il s’agit d’une stratégie dans la mise en place d’une transition énergétique et renouvelable, ce projet est très important pour nous », a indiqué le superviseur de programme au sein du PNUE, Julien Lheureux.
La cuvée 2024 du Salon de l’auto met également en relief ces véhicules. « Des études sont en cours. Une analyse de l’environnement légal et local est menée. Sur le plan technique, les sociétés de distribution pétrolière et les concessionnaires sont en train de mettre en place les stations de recharge », note Frédéric Schaffner, le président du Groupement des concessionnaires automobiles de Madagascar (GCAM).
Plan ambitieux
Mais la question légitime est de savoir si Madagascar ne va pas trop vite en besogne. Les différents projets et les différentes incitations interviennent dans un contexte de forte tension dans l’approvisionnement énergétique. Ainsi, les délestages dans les grandes villes dépassent allègrement les quatre heures quotidiennes. La situation ne devrait pas s’améliorer.
Les besoins des villes sont exacerbés par un accroissement de la population et par un sous-investissement chronique. L’exécutif a lancé un plan ambitieux d’hybridation qui prendra du temps à se mettre en place, tout comme les nouveaux projets de centrales hydroélectriques. Pour combler le gap, l’énergie thermique est sollicitée avec les coûts économiques qu’elle engendre ainsi que la pollution.
Pour un pays comme Madagascar, la question de l’énergie est problématique. Si d’aventure leur usage se généralisait, des véhicules électriques seraient donc rechargés par l’électricité produite par des centrales fonctionnant aux hydrocarbures. La gestion des déchets ainsi que les savoir-faire en termes de maintenance sont également en suspens. En effet, les batteries et les métaux que contiennent les autos électriques devraient dans une optique environnementale.
Unités énergivores
Dans le contexte actuel, les véhicules électriques sont-ils des alternatives crédibles ? Promue sans la moindre réserve par l’administration – avec des dispositions qui ont été adoptées, « il y a aussi l’exemption de taxe pour les voitures et motos électriques car on doit inciter la population à changer leur mode de consommation », a par exemple soutenu le ministre de l’Environnement et du Développement durable – la voiture électrique est pourtant qualifiée d’ « aberration écologique ».
Entre 2010 et 2019, au moins 85 études de ce type ont été réalisées sur les véhicules électriques par des instituts de recherche divers. Ainsi, produire un véhicule électrique demande beaucoup plus d’énergie, et émet deux fois plus de gaz à effet de serre que de produire un véhicule thermique, du fait de la production de sa batterie et de sa motorisation. La plupart des batteries sont produites en Chine par des unités industrielles énergivores. Ces batteries ont une durée de vie limitée entre 1 000 et 1 500 cycles de charge/décharge. Leur recyclage ne concerne actuellement que 50 % des composants : que deviendra le reste, ces millions de tonnes annuelles de polluants non recyclés ?
« Et comme leurs batteries ne durent qu’une dizaine d’années, qu’on les utilise ou non, il s’avère compliqué d’amortir toutes ces pollutions », souligne le média Reporter dans une excellente série qui démonte les mythes autour des véhicules électriques qui ne semblent qu’être un écran de fumée déportant seulement certaines problématiques.
Série Mobilité urbaine et environnement (cliquez sur la photo pour lire les articles)
Une réponse
Mis à part les problématiques de la production et du recyclage des batteries en fin de vie,
l’utilisation des voitures électriques n’est pas une solution à Madagascar dans le contexte actuel.
L’énergie électrique est produite essentiellement à partir du Gasoil.
Le rendement des centrales thermiques est faible. Elles sont source de pollution de l’air.
L’énergie distribuée par le Compagnie d’électricité est vendue à perte.
La promotion de la voiture électrique sur une grande échelle n’est donc pas une bonne politique.
Les voitures électriques sont adaptées à des entités qui produisent l’électricité à partir d’énergie renouvelable.