Les feux de brousse, les activités des briqueteries artisanales, les feux de steppes ou de forêts, dans les quelques maigres forêts qui subsistent sur les Hautes terres et surtout l’état de santé du parc automobile malgache et tananarivien participent à cette pollution de l’air extrêmement dangereuse même si elle est silencieuse et moins connue.
Problèmes de santé
Ce 1er octobre, l’indice de qualité de l’air pour la capitale de Madagascar a été de 110. Ce qui signifie que la concentration de particules fines (PM 2,5) est 2,6 fois élevée par rapport aux normes préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). « Elle est préoccupante lorsque les niveaux dans l’air sont nocifs », soutient le docteur Fidy Manalina, un professionnel de la santé publique qui exerce dans le secteur privé.
L’inhalation de niveaux nocifs de PM 2,5 peut augmenter le risque de problèmes de santé tels que les maladies cardiaques, l’asthme et l’insuffisance pondérale à la naissance. Des niveaux nocifs peuvent également réduire la visibilité et donner à l’air un aspect brumeux. « L’accroissement du taux de particule fine dans l’air explique le nombre assez élevé de cas de bronchiolites chez les enfants », continue notre interlocuteur. Un autre médecin souligne que « la pollution de l’air a un impact sur notre santé et notamment sur notre appareil respiratoire. La pollution de l’air constitue un facteur de risque de nombreuses affections pulmonaires comme l’asthme, la bronchiolite et même les cancers broncho-pulmonaires ».
Les risques pour la santé associés aux particules d’un diamètre égal ou inférieur à 10 et 2,5 microns (μm) (PM₁₀ et PM₂.₅, respectivement) revêtent une importance particulière pour la santé publique. « Ces particules peuvent pénétrer profondément dans les poumons. Toutefois, les PM₂.₅ peuvent même entrer dans la circulation sanguine », alerte l’OMS.
Disposition
L’une des causes principales réside dans un parc automobile vieillissant. Ainsi, les véhicules en circulation dans la Grande île sont âgés en moyenne de 33 ans. A l’île Maurice, à peine 38% du parc seraient des véhicules de plus de 15 ans. « La problématique avec ces véhicules que l’on peut qualifier de vieux est les normes avec lesquelles ils ont été soumis. Elles n’ont pas été aussi contraignantes qu’actuellement », souligne un spécialiste de la mobilité.
L’importation de véhicules à Madagascar est assujettie à une taxe sur la valeur ajoutée et à des droits de douane mais en ce qui concerne l’âge des véhicules, seuls les camions, les semi-remorques et remorquages de plus de 15 ans et les cars âgés de plus de 10 ans ne peuvent entrer sur le territoire national. Pour ce qui en est des véhicules légers, aucune disposition particulière n’est prise.
Solutions
Les mesures prises par le ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD), comme les contrôles sporadiques des émissions des véhicules, sont a posteriori et ne peuvent résoudre durablement les problématiques. « A Madagascar, l’Unicef a estimé qu’un décès sur cinq est causé par une exposition à la pollution. Le problème de la pollution est une urgence absolue. Agir sur l’importation de véhicules d’occasion, c’est-à-dire limiter les importations de véhicules de plus de 10 ans, serait un très grand pas », plaide notre spécialiste.
Paradoxalement, c’est au cœur d’une semaine où la pollution a été particulièrement élevée que la Journée sans Pollution a été organisée par le MEDD qui veut promouvoir « (les) initiatives visant à lutter contre la pollution et à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le pays ». L’une des premières solutions serait d’agir sur les importations de véhicules d’occasion.