Situation acridienne : prévenir les crises majeures et une famine

Les épisodes d'invasions acridiennes demeurent problématiques et fréquents dans la Grande île. L’invasion acridienne entraîne des impacts forts sur de vastes espaces agricoles et pastoraux.

À Madagascar, le « locusta migratoria », ce criquet endémique de l’île, qui se reproduit à une vitesse vertigineuse et qui aime se nourrir de plants de riz ou de maïs est un véritable fléau. L’absence d’opérations de lutte d’envergure et les conditions pluviométriques favorisent leur développement et leur expansion. Ce qui cause des dégâts considérables aux cultures vivrières, notamment le maïs et le riz, ainsi qu’aux pâturages. Après une petite période d’accalmie en 2021 et 2022, les criquets ont de nouveau menacés en 2023.

Prospection aérienne

Pour pouvoir donner une future réponse qui permettra, à terme, de revenir à une situation de rémission acridienne – une situation calme – et « contribuer ainsi à préserver la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations vulnérables dans plusieurs régions de Madagascar », comme l’ont noté conjointement le Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage (MINAE), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Banque Mondiale, une prospection aérienne extensive a été menée. Elle devrait accoucher d’une vue d’ensemble de la situation et donnera une évaluation de la situation acridienne dans le grand Sud et le moyen Ouest de la Grande île.

Cette initiative a été lancée conjointement par le MINAE et la FAO, à travers le projet Mionjo financé par la Banque Mondiale. Elle a permis d’évaluer la situation acridienne qui prévaut actuellement. Les moyens les plus appropriés qu’il conviendra de mobiliser en vue de la prochaine campagne de lutte antiacridienne seront déterminés par conséquence. « Un suivi constant et régulier nous permettra de contrôler l’évolution de la situation et d’adapter les stratégies en conséquence, assurant ainsi une réactivité rapide et adaptée, face aux défis posés par les criquets et contribuant à prévenir les crises majeures », avait tracé le représentant de la FAO à Madagascar.

Episode

Il y a urgence car les invasions acridiennes contribuent aux pertes de récoltes et de fourrages. Ce qui se traduit par une hausse du prix des céréales sur les marchés agricoles et une baisse du prix des bovins. Les régions du grand Sud et du moyen Ouest sont régulièrement touchées par le phénomène. Un nouvel épisode de famine ne sera pas à écarter si une invasion majeure se produit, notamment dans le Sud.

D’ailleurs, Madagascar fait face à une crise alimentaire majeure, où 36% de sa population souffre de niveaux de faim « critiques » ou pires, selon le dernier rapport de l’ONG Action contre la Faim (ACF). Afin d’anticiper un des facteurs qui contribuent à ce stress alimentaire, des survols aériens ont été effectués dans les régions de Menabe, Atsimo-Andrefana, Anosy et Ihorombe. « Ces prospections ont permis d’évaluer l’ampleur des infestations et de caractériser les populations acridiennes observées », soulignent le MINAE, la FAO et la Banque Mondiale. Les acridiens constituent une menace pour la sécurité alimentaire de millions de personnes à Madagascar.

Proactivité

« Grâce à cette évaluation, nous serons en mesure d’agir immédiatement et de mobiliser nos partenaires afin de soutenir Madagascar dans sa lutte urgente contre l’invasion acridienne. La proactivité est essentielle dans cette situation urgente. Sur la base de l’évaluation, la feuille de route de la lutte antiacridienne sera élaborée dans les meilleurs délais », a expliqué le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage.

Les résultats de cette évaluation constitueront la base permettant d’élaborer une réponse adéquate. En effet, ce sont les données provenant du terrain et des observations réalisées lors de ces dernières prospections qui contribueront à dimensionner le programme de réponse qui sera ensuite développé et dont le but sera de limiter l’impact du fléau acridien sur la sécurité alimentaire. « À l’issue de cette réponse qui vise au retour à une situation de rémission, il sera primordial d’instaurer une lutte préventive durable et efficace, indispensable pour ne plus devoir faire face à des crises acridiennes évitables », soutiennent le MINAE, la FAO et la Banque Mondiale.

Raoto Andriamanambe

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