Au cœur du village de Koronga, dans le district de Beloha, région Androy, une infrastructure peinte en bleu et en blanc détonne dans le paysage dominé par des maisons en paille. Le château d’eau est devenu un élément central du village. Et il a changé la vie des habitants de Koronga. « Cela n’a pas toujours été le cas. Avant l’implantation de cette infrastructure, il fallait marcher près d’une heure pour s’approvisionner auprès du puits situé à l’entrée du village », confie Linasoa, une mère de famille de quarante ans vivant dans le village, à une équipe de l’UNICEF.

Une vie plus digne
L’eau, une denrée précieuse qui change la vie. C’est ainsi que l’on peut qualifier la métamorphose qui s’opère dans plusieurs villages dotés de systèmes à usages multiples de l’eau dans les régions du Sud comme Androy et Anosy. Le cas du Village de Koronga en est une illustration. Mis en place grâce au projet Mionjo, financé par la Banque Mondiale, un système à usages multiples de l’eau permet à 500 personnes de mener une vie plus digne.
Deux kiosques à eau y sont installés afin de permettre une meilleure répartition du précieux liquide. Le système à usages multiples comprend, outre les kiosques, une station de forage fonctionnant à l’énergie solaire ainsi qu’un abreuvoir pour les bétails des communautés. Un système goutte-à-goutte permet quant à lui une meilleure utilisation de l’eau à des fins agricoles.
De l’eau et une dynamique
A Koronga, l’eau provient d’une source protégée. Elle est utilisée tant pour les besoins quotidiens des foyers que pour l’agriculture ou encore pour l’élevage. Grâce à la présence de cette source, la population n’est plus obligée de parcourir des kilomètres pour s’approvisionner en eau. La vie de Linasoa et de sa petite famille a radicalement changé. « En une heure le repas est quasiment prêt. La vaisselle terminée ainsi que la lessive », témoigne-t-elle. Vendue à 100 ariary le bidon de 20 litres, l’eau de Karongo impulse une dynamique sociale et économique dans sa communauté.
Son utilisation dans les champs et jardins potagers améliore considérablement la production locale. Courgette, pastèque, brèdes, oignons ou encore tomates et concombres sortent de terre, en abondance. « Une partie de ces produits sert à varier nos repas et ainsi équilibrer notre alimentation. L’autre partie est vendue aux marchés, pour être source de revenus », nous confie Fadiana, présidente de l’association villageoise Traka Koronga qui réunit vingt femmes agricultrices.

Une nette amélioration
Comme pour le cas Koronga, les systèmes à usages multiples d’eau implantés dans le Sud du pays répondent aux besoins et défis inhérents à l’approvisionnement en eau potable et de bonne qualité. Le récent inventaire exhaustif des infrastructures en eau réalisé dans l’Androy et l’Anosy dans le cadre du projet Mionjo et présenté à Ambovombe au mois de mars dernier affiche des tendances régionales avec « un meilleur taux de fonctionnalité en Androy (53,6% contre 40,9% pour Anosy) mais une meilleure qualité de l’eau dans la région Anosy (58,9% de points d’eau non-contaminés, contre 36,5% pour l’Androy). » Dans le cadre de cet inventaire réalisé entre le mois de juillet 2024 et juillet 2025 dans tous les districts des deux régions, « les infrastructures en eau existantes au niveau des communautés comme au niveau des institutions (écoles, centre de santé, etc.) ont été inventoriés et leurs modes de gestion enregistrés. De plus, l’eau a été testée pour sa qualité et sa potabilité. »
Nouvelles perspectives
Toujours dans le cadre des initiatives d’amélioration de l’accès à l’eau dans le Sud, la Banque Mondiale note « un taux d’achèvement de 89% sur la canalisation d’eau reliant le Mandrare (l’un des fleuves principaux du versant sud de Madagascar) à Sampona.» A en croire l’institution, cette infrastructure devrait être opérationnelle d’ici mi-2025. La construction de douze petits systèmes d’eau avec unités de dessalement serait également en cours. Ces unités permettront de rendre potable l’eau salée, dans ces zones arides où l’accès à une eau douce est limité. Par ailleurs, l’institution de Bretton Woods avance un inventaire complet de 4 000 points d’eau dans le Sud du pays. 400 points d’eau polyvalents ont été réhabilités grâce au projet d’appuis aux moyens de subsistance dans le Sud de Madagascar, tandis que 163 autres sont actuellement en cours de construction.

Pour de nombreuses régions de Madagascar, l’accès à l’eau potable et de bonne qualité reste encore un défi majeur malgré les efforts fournis par les divers acteurs. Les améliorations observées dans le Sud de Madagascar dans le cadre du projet Mionjo prouvent que les défis peuvent être relevés à coup de volonté, de synergie des actions et d’allocation de moyens. L’accès à une eau potable offre de nouvelles perspectives. « Les légumes nous rapportent beaucoup au point que nous envisageons d’élargir la surface à cultiver », note Fadiana, enthousiaste.