Protection des périmètres irrigués : et si les solutions se trouvaient en amont ?

L’envasement et l’ensablement des plaines de production agricole constituent une problématique majeure de l’agriculture à Madagascar. Pour y faire face, les acteurs se concentrent surtout sur les intérêts des périmètres irrigués que sur ceux des zones de genèse de l’érosion.

Les feux de brousse, les déboisements massifs et les phénomènes naturels impactent gravement les périmètres irrigués qui sont ensablés et deviennent peu productifs.

La quantité de dépôts qui se déversent dans les rizières est telle que même si des initiatives sont menées afin de les protéger, en aval, le rythme de protection n’arrive pas à suivre celui de la dégradation. Ce constat Célestin, dit Selesy, riziculteur de la plaine de Marovoay, le vit quotidiennement face aux problématiques d’ensablement observé depuis des années dans sa zone de culture.

Erosion

La situation est dramatique pour cet agriculteur qui doit faire face à de diverses difficultés comme la diminution des surfaces cultivables, l’augmentation du coût d’entretien des réseaux d’irrigation ou encore la baisse de la quantité d’eau nécessaire à la culture.

Les intérêts des usagers de l’eau sont souvent soulevés par les acteurs de lutte contre l’érosion et l’ensablement des périmètres irrigués. Ceux des autres populations, notamment celles qui vivent dans les zones d’origine de l’érosion, sont moins soulevés. Des projets de protection des bassins versants contre l’érosion sont, certes, initiés, afin de protéger les plaines agricoles contre l’ensablement.

Leur responsabilité est à souligner. « Les populations vivant en amont et qui exploitent les ressources de ces zones ne peuvent pas ressentir, n’ont pas idées des conséquences de leurs actes sur la vie et les activités des usagers de l’eau. Ces derniers quant à eux ne disposent pas de moyens pour intervenir auprès des premiers », explique un fin connaisseur du sujet.

Défis majeurs

Marier les préservations des sols et le développement des périmètres irrigués sont des priorités pour un pays à vocation agricole comme Madagascar. Les actions à mener consiste à fédérer les populations des zones d’origine d’érosion et celles qui exploitent les périmètres irrigués. L’objectif étant de faire bénéficier les premières des initiatives de protection.

C’est ce genre d’approche que tente de mener un projet comme le Projet Agriculture Durable par une Approche Paysage. « Si les populations en amont peuvent tirer profit des initiatives de protection, elles vont tout faire pour, à leur tour, protéger leurs zones contre la dégradation du sol. Ce qui va impacter de façon positive sur les activités des populations résidant dans les zones agricoles », indique-t-on du côté des responsables du projet.  Les effets de l’érosion sont classés en deux catégories : ceux sur les sites érodés et ceux hors des sites. Les premiers correspondent à la perte en terres, le lessivage des éléments minéraux et organiques nécessaire pour la fertilisation des terres agricoles.

Les seconds quant à eux font référence à la baisse du potentiel de pêche ou encore au comblement accéléré des barrages et surtout à l’ensablement des plaines. Pour la plaine de Marovoay par exemple, les pertes économiques liées à l’ensablement correspondraient à une production de 500 millions d’Ariary, soit environ 133 925 USD par an. Selon une étude menée par LlandDev en 2020, la plaine de Marovoay perdrait annuellement 2% de sa surface cultivable à cause d’un début de sédimentation observé autour du Parc National d’Ankarafantsika.

José Belalahy

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