A la veille de la signature de l’accord de pêche entre Madagascar et l’Union européenne qui devait se faire à Genève, une question pertinente posée par l’eurodéputée France Jamet interpelle sur la nécessité d’avoir une bonne documentation de l’état des ressources halieutiques du pays.
Navigation à vue
« Je voudrais savoir si vous avez réellement une idée de l’état du surplus de la ressource malgache », a-t-elle lancé lors de l’Assemblée parlementaire tenue à Genève, le 27 juin 2023. Du côté malgache, il n’y a pas de données sur ses stocks disponibles en matière de ressources halieutiques et marines. Le Dr Mahatante Tsimanaorate Paubert l’a d’ailleurs fait savoir lors d’un entretien avec un journaliste local.
« Nous ne disposons pas de données de référence. Nous n’avons pas mené d’études pour évaluer les impacts du changement climatique sur nos ressources marines ni d’études pour évaluer les effets de la pêche illégale sur la situation socio-économique du pays » a-t-il fait savoir. En d’autres termes, le pays navigue à vue en ce qui est de l’exploitation des ressources halieutiques et marines.
Win-win ?
Remise dans le contexte de l’accord de pêche entre l’Union européenne et Madagascar, l’inexistence de données relatives à la situation des ressources halieutiques du pays pourrait constituer une perte colossale pour l’économie du pays, mais surtout un danger en matière de gestion des ressources qui constituent des sources de revenus pour des millions de Malgaches et dont l’exploitation représente 7% du PIB.
En effet, l’accord de pêche stipule que les thoniers européens vont profiter des eaux de Madagascar à un certain prix, « dérisoire » selon la députée France Jamet. De leur côté, les pêcheurs malgaches pourraient moderniser leur navire au titre de l’aide sectorielle. A en croire l’Eurodéputée, les sommes seraient versées « à la capacité de gestion des systèmes écomarins » du pays.
Par ailleurs, il conviendrait de noter que le nouvel accord couvre une période de quatre ans compter de la date d’application provisoire du 1er juillet 2023. Il prévoit la possibilité de pêches pour 32 thoniers senneurs (15 navires pour la France, 16 pour l’Espagne et 1 navire italien), 13 palangriers de surface d’une jauge brute supérieure à 100 (7 espagnoles, 5 français et 1 portugais). Le nouvel accord prévoit également 20 palangriers, français, de surface d’une jauge brute inférieure ou égale à 100.