Parc Naturel Makira : là où la solution fondée sur la nature prend vie

Le Parc Naturel Makira prouve que conservation et économie peuvent aller de pair. Avec un premier contrat de crédits carbone signé pour 1,5 million de dollars, ce joyau de biodiversité malgache offre un modèle de développement durable au service des communautés locales.

Un premier contrat de vente de carbone de 1,5 million de dollars vient d’être signé. La Wildlife Conservation Society (WCS) et le ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD) ont procédé, ce 12 décembre, à la signature de quatre accords portant sur les crédits carbone accumulés au niveau du Parc naturel Makira. « Une avancée majeure » dans la préservation de l’environnement et le soutien aux communautés locales, note le MEDD.

« Signature historique »

« La conservation rapporte de l’argent … La mise en œuvre du mécanisme REDD+ (Reducing Emissions from Deforestation and forest Degradation) dans le parc naturel Makira en est une preuve tangible » s’est réjoui ce jour, Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable. C’était lors de la cérémonie de signature du contrat de commercialisation, de l’accord d’achat de réductions d’émissions et de la convention relative à la gestion du Fonds Carbone Communautaire Makira, qui s’est tenue ce 12 décembre, dans les locaux du MEDD, à Antsahavola.

Il s’agit, selon la WCS, d’une « étape marquante et décisive pour la conservation de la biodiversité exceptionnelle du parc naturel Makira et le soutien aux communautés locales ». Le ministre n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler la vision de l’Etat de faire des initiatives de réduction des émissions de gaz à effet de serre « un moteur de développement durable et inclusif ». Le développement de ce projet de commercialisation des crédits carbone générés par la conservation de Makira est, d’après lui, « un dossier en cours depuis six ans ». Et « si nous n’avions pas réussi à finaliser ces accords, nous aurions failli dans notre mission et privé nos communautés locales de la juste récompense de leurs efforts de protection des ressources forestières » a-t-il insisté.

Multipartite

La cérémonie de ce jour constitue ainsi une consécration des efforts fournis par toutes les parties prenantes à la conservation de cet hotspot de biodiversité malgache qu’est le parc naturel Makira. Comme nous l’explique Lovy Rasolofomanana, Directeur Pays de la WCS à Madagascar, la WCS a déjà signé un contrat avec le gouvernement malgache en 2008 et a commencé à vendre les crédits carbone de Makira entre 2013 et 2018. « En 2018, le Programme de réduction des émissions Atiala Atsinanana (PRE AA) a été mis en place, de même qu’un nouveau cadrage juridique concernant la gestion du REDD+ à Madagascar » a-t-il souligné. Avant de rajouter que « le contrat d’aujourd’hui était donc pour vendre les anciens crédits du parc naturel de Makira d’avant 2020, l’année qui a marqué le début du programme PRE AA ».

Ce premier contrat a également été réalisé du fait du partenariat réussi et « exemplaire » entre l’État, le secteur privé, les organismes de protection et de conservation, et les communautés locales.Il est en effet à noter que les financements de 1,5 million de dollars obtenus sont tirés de l’engagement de 16 millions de dollars de Rio Tinto, annoncé lors de la 29ème Conférence des Parties (COP29) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques, qui s’est tenue à Baku, Azerbaïdjan, en novembre dernier. Sans oublier le fait que l’État et WCS ont travaillé en étroite collaboration avec des agences telles que Everland et Makira Carbon Company (MCC) dans ce processus. « Everland est une agence de commercialisation de crédits carbone, et Makira Carbon Company est une agence séquestre qui gère les fonds générés par les parcs tels que Makira » a appuyé Lovy Rasolofomanana.

11 millions de dollars

Ces reliquats de crédits carbone ont été évalués à 1,5 million de dollars. Ce qui, d’après le ministre Max Andonirina Fontaine, correspond à 300 000 crédits carbone. Alors que, toujours d’après ses dires, « il y a 2 353 000 crédits carbone issus de ce contrat ». Madagascar, rien qu’à travers le parc naturel Makira a donc encore « plus de 2 millions de potentiels à vendre ». Ce qui ramènerait la valeur estimative du projet au niveau de Makira à environ « 11 millions de dollars ».  « Ceci n’est que le premier contrat, le reste pourra être vendu à travers d’autres contrats de vente » a-t-il expliqué.

Tout en mettant l’accent sur le tournant important que représente cette étape « pour montrer que Madagascar est vraiment dans les mécanismes de financements durables pour protéger la biodiversité ». La Grande île manque en effet de moyens pour protéger toutes ses forêts primaires et toutes ses ressources naturelles.  D’où la nécessité, selon le ministre, de trouver « des moyens innovants ». « Ce type de contrat est vraiment un moyen parfait pour impliquer les communautés et les récompenser pour le travail qu’ils font dans la protection de l’environnement et pour combler ce manque de financements dans la protection de l’environnement » a-t-il insisté.

Ainsi, de ce premier contrat, les communautés locales bénéficieront-elles directement de la moitié des fonds. Ce serait notamment affecté au développement d’activités génératrices de revenus et d’infrastructures communautaires. « Entre 20% et 22,5% » iront aux activités de gouvernance REDD+, «5%» iront au budget général de l’État. « Et le reste consistera à payer les activités de conservation : suivi de la forêt, de monitoring en tant que tel et des équipes techniques du WCS et du MEDD ».

Karina Zarazafy

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