Laudato Si’ (Loué sois-tu) est une encyclique qui a eu un retentissement universel. C’est un appel pour faire face à la crise écologique actuelle en misant sur un changement de paradigme qui permettra à tous les êtres humains de vivre de manière durable et dans la dignité.
Tournant
Publiée en mai 2015, l’encyclique se concentre sur la protection de l’environnement naturel et de toutes les personnes, ainsi que sur des questions plus larges concernant la relation entre Dieu, les humains et la Terre. A travers un sous-titre révélateur « Sur la sauvegarde de la maison commune », les thèmes clés sont abordés à travers ce véritable manifeste de l’Église catholique sur l’écologie.
Le pape François a développé un certain nombre de moyens, tant sur les plans théologique, éthique, politique, anthropologique que spirituel pour mieux habiter la maison commune, comme il aime surnommer la planète Terre. Parmi eux, on peut dire qu’il mobilise le dialogue entre science et foi et ce, à plusieurs titres. Mais avant d’avoir recours aux sciences, nous verrons préalablement que le pape délimite les conditions de faisabilité de ce dialogue.
Précurseur
D’ailleurs, son nom de souverain pontife renvoie en hommage à saint François d’Assise, né Giovanni di Pietro Bernardone à Assise et mort le 3 octobre 1226 dans cette même ville. Ce religieux catholique italien, diacre, mystique, et fondateur et fondateur de l’ordre des Frères mineurs en 1210, caractérisé par une sequela Christi dans la prière, la joie, la pauvreté, l’évangélisation et l’amour de la Création divine. Il est considéré comme l’un des premiers précurseurs de l’écologie.
François d’Assise prône l’égalité de tous les êtres vivants, à l’encontre de la tradition chrétienne qui place l’homme, supérieur, au centre du monde. D’après Thomas de Celano, contemporain du Saint, François d’Assise prêchait aux… oiseaux. Il demandait à ses disciples de respecter la nature, de laisser une partie de leur jardin potager non cultivé, de ne ramasser que le bois mort, etc. Il défendait l’idée que la Terre « prend soin de nous » et que l’homme ne doit pas la dominer. Le saint a une vision magnifiée de la nature.
Tendances sociales
Justement, les premiers mots de Laudato Si’ sont issus de la « Cantique des créatures » de Saint François d’Assise. Le saint rend grâce à Dieu à travers une méditation sur la bonté du soleil, du vent, de la Terre, de l’eau et d’autres forces naturelles. Le pape François a repris les perspectives de cette philosophie franciscaine.
Laudato Si’ s’adresse « à chaque personne qui habite cette planète » . Elle s’inscrit donc dans un dialogue continu au sein de l’Église catholique et entre les catholiques et le reste du monde. Dans le troisième chapitre de l’encyclique : « La racine humaine de la crise écologique », elle explore les tendances sociales et les idéologies à l’origine des problèmes environnementaux. Il s’agit notamment de l’utilisation irréfléchie de la technologie, de la volonté de manipuler et de contrôler la nature, de l’idée que l’homme est séparé de l’environnement, des théories économiques étroites et du relativisme moral.
Le Sixième chapitre : « Education et spiritualité écologiques » clôt l’encyclique avec des idées d’application dans la vie personnelle. Il recommande un style de vie moins axé sur le consumérisme et plus sur des valeurs intemporelles et immuables/ durables.
Il appelle à l’éducation à l’environnement, à la joie trouvée dans son environnement personnel direct, à l’amour civique, à la pratique des sacrements et à une « conversion écologique » dans laquelle la rencontre avec Jésus conduit à une communion plus profonde avec Dieu, les autres et le monde de la nature. Avec la mort du pape François, c’est une certaine idée de l’écologie qui disparaît. Son successeur aura fort affaire pour continuer l’œuvre en faveur de l’écologie que le Pape a menée.