Par une note de rappel datée du 13 septembre dernier, le ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire (MDAT) interdit formellement toute délivrance des permis de construire sur des zones de mangroves.
Missive
La missive signée par le secrétaire général du ministère, Sandrina Randriamananjara, se résume en ces termes : « il est à rappeler que les mangroves sont classées zones sensibles en vertu de l’arrêté interministériel 4355/97 du 13 mai 1957. Par conséquent, la délivrance de permis de construire dans ces zones est strictement interdite. »
La lettre adressée à tous les services régionaux et aux délégations locales de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire met en garde contre tout manquement aux normes législatives et réglementaires en vigueur sous peine de sanctions pénales et civiles conformément aux lois en vigueur.
Vastes étendues
Madagascar possède des forêts de mangroves d’une superficie totale de 236 400 hectares qui représentent 2 % des mangroves mondiales. Les régions Diana, Sava, Boeny, Melaky, Menabe et Atsimo Andrefana concentrent les plus vastes étendues de ces espaces marins qui jouent des rôles vitaux pour les communautés des pêcheurs traditionnels et le climat.
Les mangroves sont des zones de reproduction par excellence pour des espèces marines dont des poissons et crabes. Ces milieux naturels importants subissent toutefois des pressions anthropiques croissantes. Certaines personnes attirées par la beauté des ces milieux naturels et poussées par leur instinct de prédation désirent y installer des propriétés privées, la plupart du temps destinées à des activités commerciales nuisibles. Les mangroves sont devenues fragiles et leur protection nécessite des mesures de conservation urgentes afin de limiter les dégâts.
Zones vulnérables
En 2015, le ministère en charge de l’Environnement a déjà pris une mesure prohibant certaines activités de nature à saper l’intégrité des mangroves. Des opérations de reboisement sont chaque année recommandées sur ces zones vulnérables. Des associations villageoises sont aussi mises en place pour veiller sur elles.
La note de rappel du MDAT intervient quelques semaines après le passage à Madagascar du patron du Fonds mondial pour l’environnement (FEM), Carlos Manuel Rodriguez. Cet organisme de financement contribue à l’effort de l’île de tripler la superficie de ses aires marines protégées d’ici 2030. Le pays attend de lui une enveloppe de 100 millions de dollars pour le neuvième cycle du FEM (FEM 9) sur la période 2026-2030.
Par ailleurs, la nouvelle mesure amplement saluée par les défenseurs de la nature a le mérite de tomber à quelques mois de la tenue d’au moins deux rendez-vous planétaires en matière de biodiversité et de climat. Madagascar y participera en sa qualité de « Partie ». La 16e édition de la Conférence des Parties (COP16) à la Convention des Nations-Unies sur la diversité biologique se tiendra à Cali en Colombie du 21 octobre au 1er novembre. La 29e édition de la Conférence des Parties (COP29) à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques se déroulera à Baku en Azerbaïdjan du 11 au 22 novembre.