Le problème à trois corps

C'est le phénomène série actuelle : « Le problème à trois corps », de Daniel Weiss et David Benioff, les créateurs de Game of Thrones. Mais avant de devenir un blockbuster sur Netflix, le titre est d'abord un roman à succès de Liu Cixin qui s'est inspiré d'une énigme mathématique vieille de 350 ans que les physiciens cherchent à résoudre jusqu'à maintenant.

Pour vraiment simplifier cette énigme, les lois de Newton permettent d’assez facilement déterminer les mouvements dans le cas simple de deux corps en interaction comme la Terre et le Soleil. Mais les choses se compliquent lorsqu’intervient un troisième corps, la Lune par exemple. Les physiciens ont trouvé des solutions pour certains cas particuliers. Mais pas de solution générale. Comme l’effet papillon, le problème à trois corps est trop chaotique pour qu’on lui applique un modèle mathématique classique. L’interaction de chaque objet provoque donc des conséquences sur l’ensemble du système.

La conservation de l’environnement malgache fait exactement face à cette même problématique. Les trois corps sont la biodiversité, l’homme et l’administration. La biodiversité n’a rien demandé. Elle s’est développée tranquillement sur une île qui s’est détachée du continent africain et qui s’est développée de manière exceptionnelle dépourvue de grands prédateurs. Puis, l’homme est arrivé et a presque tout détruit, ne laissant que de maigres lambeaux de forêts. L’administration tente bien de réglementer, de régenter, d’administrer l’ensemble mais la marche est encore trop haute.

Aujourd’hui, la cohabitation entre les trois entités est difficile. Les pressions économiques et démographiques ont poussé les communautés à exploiter les ressources naturelles, souvent de manière irraisonnée. Au-delà des problématiques économiques, certaines pratiques multiséculaires, comme le tavy, sont des équations quasi-impossibles à résoudre, à moins d’une prise de conscience radicale ou d’adoption, par l’administration, de mesures énergiques. Le problème est qu’à ce rythme, les dernières forêts primaires non protégées risquent de disparaître avec les espèces qu’elles renferment. Que feront ces populations qui n’ont quasiment que le tavy comme pratique culturale ? Elles savent à peine manier les outils les plus rudimentaires. Les trafics d’espèces en tout genre affectent grandement l’environnement sans oublier des causes davantage globales, comme le réchauffement climatique.

Quelles seraient les solutions pour ce problème à trois corps. Une approche coordonnée et logique est prioritaire. Si Madagascar veut vraiment protéger sa biodiversité, l’accroissement de la capacité de l’administration qui s’en charge doit devenir une priorité. Le ministère de l’Environnement et du Développement durable est relégué au fin fond du classement protocolaire et budgétaire de l’Exécutif. L’institution mérite à être valorisée et à être consolidée. Si ce problème est résolu, le tiers de l’ensemble de l’équation est déjà solutionné. Mais cette partie est peut-être la plus dure à réaliser.

Raoto Andriamanambe

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