Une étude publiée dans PLOS Climate, intitulée Climate Change Perceptions and Adaptive Behavior Among Smallholder Farmers in Northeast Madagascar, donne l’alerte : la filière vanille risque bel et bien de ne pas pouvoir survivre au changement climatique et les petits exploitants suivront la même destinée. Le changement climatique a déjà un impact sur les agriculteurs à Madagascar.

Répartition
De 1961 à 2017, les observations effectuées sur 14 des 15 stations météorologiques montrent que les précipitations annuelles ont diminué, les températures moyennes minimales ont augmenté dans toutes les localités et les températures moyennes maximales ont augmenté dans toutes les localités sauf une. Dans le Nord-est de Madagascar, la région productrice de vanille, les précipitations annuelles devraient diminuer de 5 à 10 %, tandis que les températures maximales et minimales devraient augmenter de 3° à 5°C d’ici 2100, selon des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre modérés et élevés.
« Ces changements climatiques devraient modifier la répartition des zones forestières et auront des impacts importants pour des cultures telles que le riz, un élément essentiel du régime alimentaire malgache », soulignent Tyler M. Barrett, Voahangy Soarimalala, Michelle Pender, Randall A. Kramer et Charles L. Nunnauteurs, les auteuyrs de l’étude.
Modifications significatives
Ce bouleversement global ne sera pas sans conséquence sur la vanille, dont la région SAVA est à l’origine des 2/3 de la production mondiale. L’étude publiée dans PLOS Climate a mis en lumière la situation de 479 agriculteurs des villages de Sarahandrano et Mandena. Environ trois quarts des agriculteurs signalent un assèchement de leurs sources d’eau, les obligeant à consacrer moins de temps à leurs champs en raison des températures extrêmes ou des pluies torrentielles.

Cette « imprévisibilité climatique » favorise également la prolifération des nuisibles, tels que les rongeurs et les moustiques, aggravant les dégâts sur les cultures et augmentant les maladies comme le paludisme. Tous les agriculteurs interrogés sont unanimes : tous constatent des modifications significatives des températures et des précipitations.
Richesse
Le plus alarmant est que peu d’agriculteurs adaptent leurs pratiques. Seul un agriculteur sur cinq met en place des solutions pour faire face à ces bouleversements. « À l’aide de ces données et d’autres données sociodémographiques, nous avons étudié les facteurs qui prédisent les changements climatiques perçus et l’adoption de stratégies d’adaptation », soulignent les chercheurs. Les solutions à adopter seraient, entre autres, l’ajout d’arbres fruitiers dans les champs ou la culture de poissons dans les rizières qui sont autant de méthodes prometteuses permettant d’améliorer la fertilité des sols et réduire l’impact des parasites.
Mais le nerf de la guerre reste l’argent. «Une plus grande richesse basée sur le marché et une plus grande expérience agricole seraient associées à une probabilité plus élevée d’adaptation, car la richesse et l’expérience offrent aux agriculteurs les options et les connaissances cruciales nécessaires pour ajuster leurs pratiques agricoles», note l’étude. Il est urgent d’agir, sous peine de voir toute une filière disparaître et avec elle les millions de dollars qu’elle apporte à l’économie malgache.