Justice climatique : “ L’argent du monde coule dans la mauvaise direction”

L'organisation ActionAid International a sorti le 18 septembre son rapport “How the Finance Flows: Corporate Capture of Public Finance Feeding the Climate Crisis in the Global South”. Dénonçant alors le fait que les grandes industries des secteurs destructeurs du climat s'accaparent les fonds publics au détriment des solutions climatiques.

“Les industries qui alimentent la crise climatique drainent les fonds publics dans les pays du Sud”, dénonce ActionAid International, une fédération mondiale qui œuvre pour la justice sociale et l’éradication de la pauvreté. D’après leur deuxième rapport phare, sorti ce  mois de septembre 2024, chaque année. « Plus de 600 milliards de dollars vont aux secteurs des combustibles fossiles et de l’agriculture industrielle, qui détruisent le climat”.

Solutions climatiques

677 milliards de dollars. C’est la moyenne des subventions publiques allant annuellement aux secteurs “destructeurs du climat” dans les pays du Sud, selon ActionAid International. “Il semble que l’argent soit à l’origine de tous les bouleversements climatiques. Les industries destructrices du climat privent les pays du Sud des fonds publics qu’ils devraient utiliser pour faire face à la crise climatique”, dénonce Teresa Anderson, responsable mondiale de la justice climatique au sein de l’organisation.

C’était à l’occasion de la sortie officielle du rapport How the Finance Flows : Corporate Capture of Public Finance Feeding the Climate Crisis in the Global South, le 18 septembre dernier. Cette somme pourrait pourtant, d’après cette fédération mondiale, “financer 3.5 fois la scolarité de tous les enfants d’Afrique subsaharienne”. Cette édition de septembre 2024 de leur rapport révèle en effet l’emprise des entreprises et des industries responsables de la crise climatique sur les finances publiques. “La crise climatique est en réalité une question d’argent. Trop d’argent alimente le changement climatique, trop peu d’argent va aux solutions climatiques, et les flux d’argent extractif enferment les économies plus profondément dans des spirales destructrices du climat qui aggravent les inégalités.” peut-on y lire.

Selon Arthur Larok, secrétaire général d’ActionAid International, “ce rapport révèle le comportement parasitaire des grandes entreprises”. “Elles sapent la vie des pays du Sud en détournant les fonds publics et en alimentant la crise climatique.” souligne-t-il.

Des promesses creuses

Entre 2016, date de la signature de l’Accord de Paris, et 2023, le secteur des combustibles fossiles a reçu en moyenne “438,6 milliards de dollars par an de subventions financées par des fonds publics”. L’agriculture industrielle quant à elle, a bénéficié des mêmes types de subventions, allant à hauteur de “238 milliards de dollars par an”, sur la période 2016 à 2021. Ce, alors que les pays du Sud peinent à financer les réels besoins de leurs populations, dont l’alimentation et l’énergie.

Les énergies renouvelables reçoivent, par exemple, “40 fois moins de financements publics que le secteur des combustibles fossiles”. Il y a un sérieux manque de financements publics et climatiques “pour les solutions” insiste Teresa Anderson, qui est également l’une des auteurs du rapport. ActionAid International attire l’attention sur la tendance inquiétante de l’état des flux financiers de la planète et “la manière dont l’emprise des entreprises sur les finances publiques compromet les besoins des pays vulnérables ainsi que les engagements mondiaux en matière de climat”.

Subventions

Les promesses de financement climatique du Nord sont aussi creuses que la rhétorique creuse qu’ils prononcent depuis des décennies” s’indigne Arthur Larok. Ce, en appelant à l’avancement vers “d’engagements réels pour mettre fin à la crise climatique”. “Il est temps que les pays du Sud tiennent tête aux industries qui épuisent leurs finances et détruisent le climat. Nous devons régler les flux financiers qui alimentent la crise climatique. » appelle Teresa Anderson.

ActionAid International appelle ainsi les pays riches, en l’occurrence les pays du Nord, à “fournir chaque année des milliers de milliards de dollars de financement climatique sous forme de subventions aux pays du Sud qui sont en première ligne de la crise climatique”. Ce, “en convenant d’un nouvel objectif ambitieux de financement climatique lors de la COP29 qui reflète cette ampleur”.  L’organisation insiste également pour une “réorientation des finances publiques” allant des secteurs destructeurs du climat vers des solutions climatiques. Il serait en effet question de “soutenir des transitions justes” en mettant au centre des actions, les droits des populations, notamment à l’alimentation, à l’énergie et aux moyens de subsistance.

📸 © ActionAid International

Karina Zarazafy

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