Electrification: le privé propulsé par DECIM

La Banque mondiale a présenté le jeudi 10 avril, ses différents appuis en faveur de l’inclusion énergétique à Madagascar. L’accent a particulièrement été mis sur le fonds DECIM (Digital and Energy Connectivity for Inclusion in Madagascar). Un fonds destiné à soutenir les projets énergétiques privés qui se joignent à l’objectif national de raccorder 2,2 millions de personnes par an, dont 1,8 million via des mini-réseaux privés et des kits solaires individuels.

Booster les initiatives privées

97 millions de dollars. C’est l’enveloppe du Fonds DECIM, actuellement géré par Bamboo Capital Partners, une plateforme de gestion de fonds d’impacts, en partenariat avec la Banque BRED Madagasikara Banque Populaire. Ce fonds fait partie du projet DECIM, ou projet de connectivité numérique et énergétique pour l’inclusion à Madagascar. Il s’adresse spécialement au secteur privé qui vient en appui pour « accélérer l’accès à l’électricité hors réseau ». Sur ces 97 millions de dollars, 73 millions seront alloués à l’amélioration de l’accès à l’électricité tandis que les 24 millions seront alloués aux projets visant le déploiement « d’équipements numériques abordables à Madagascar ».

Défis

En effet, d’après la Banque mondiale, « seuls 36% de la population malgache ont accès à l’électricité » actuellement, « et même pour ceux qui en bénéficient, le service reste souvent instable ». Ainsi, le secteur privé est-il fortement sollicité pour aider Madagascar à atteindre son objectif de « 80% d’accès à l’électricité » et d’augmenter la part des énergies renouvelables à « au moins 85% dans le mix énergétique » d’ici 2030. Pour ce faire, « le pays devra mobiliser plus de 7,2 milliards de dollars d’investissements ». Et « le secteur privé est appelé à jouer un rôle central en apportant plus de 4,5 milliards de dollars, soit 60% du financement total requis » note la Banque mondiale.

Fenêtres de financement

L’atelier du 10 avril a ainsi été organisé en vue de présenter aux différents acteurs du secteur « la fenêtre de financements basés sur les résultats (FBR) mini- réseaux sous le Fonds DECIM ». En fonction des types d’activités, différents instruments financiers ont été développés et quatre types de guichets ont été ouverts. Les financements peuvent alors aller de subventions dites « FBR) » aux « lignes de crédit », enpassant par les « subventions catalytiques ». Chaque instrument appuyant des activités et projets bien spécifiques.

La subvention FBR constitue « un financement basé sur le nombre de connexions ayant une consommation énergétique minimale ». Elle a été établie pour « encourager les ventes ou les connexions de produits de qualité munies d’un service après-vente adéquat ». Elle entend également « inciter les ventes avec un crédit à la consommation » et « stimuler les ventes à destination de la population cible et les régions rurales ou difficiles d’accès ». La subvention catalytique quant à elle, est axée sur les financements « d’études, de formations, de pénétration de nouveaux marchés etc. ». Il s’agit d’une « assistance technique spécifique » visant le renforcement de la capacité organisationnelle des bénéficiaires. Elle s’adresse aussi à ceux qui comptent étendre leurs activités en « favorisant l’inclusion énergétique et numérique ».

La ligne de crédit, pour sa part, constitue « une facilité permettant d’accélérer la réalisation des projets ». Elle appuie le « financement de besoins de trésorerie liés à l’activité courante tels que les acquisitions de stock et le financement des consommateurs finaux ».   

Inclusivité

« Co-construire un modèle d’électrification rurale équitable, durable et véritablement bénéfique pour les communautés rurales malagasy. » Tel est l’appel lancé par Rivo, président de l’association des opérateurs en électrification rurale ou AOPEM. Ce, face à leur constat d’une certaine exclusion des opérateurs « locaux » dans l’octroi des diverses subventions sous le fonds DECIM. En effet, l’association a souligné que pour les projets dans la catégorie Guichet 1, c’est-à-dire les nouveaux mini-réseaux, l’une des conditions préalables à l’accès au fonds DECIM serait celle d’avoir « un chiffre d’affaires d’un million de dollar ». Ce qui, selon elle « est inaccessible pour la majorité des opérateurs locaux » et favoriserait « presque exclusivement les opérateurs étrangers qui contrôlent déjà 95% des sites électrifiés dans les zones rurales de Madagascar ».

L’AOPEM n’a également pas manqué de noter que pour les projets pris en compte au niveau du Guichet 2, le guichet des extensions et densifications des mini-réseaux existants, « la condition d’un minimum de 500 clients par site ou par consortium ne reflète pas la réalité du terrain pour les opérateurs locaux ». « Encore une fois, seuls les grands opérateurs étrangers ont la capacité de répondre à cette exigence » a dénoncé Rivo.

Collaborer

Atou Seck, Représentant résident de la Banque mondiale pour Madagascar, a toutefois insisté sur le fait qu’ « aucun acteur ne devrait être laissé pour compte » et qu’il faudrait « qu’on parvienne à des solutions où tout le monde pourrait être impliqué ». A cet effet, les représentants de Bamboo Capital Partners ont invité les différents acteurs à venir se concerter pour trouver ensemble des solutions. L’une, proposée par le député de Madagascar élu dans le district d’Antsohihy et Vice-président de la commission énergie au sein de l’Assemblée nationale, Hyacinthe Befeno Todimanana, serait que « les opérateurs locaux se dressent en joint-ventures plutôt qu’en consortium » afin de pouvoir mieux absorber les fonds. Il est effectivement plus qu’indispensable de trouver des solutions impliquant toutes les parties prenantes au secteur énergie. Car, « sans le soutien du secteur privé, atteindre 80 % d’accès à l’électricité d’ici 2030 sera impossible ».

Karina Zarazafy

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