« (Des) conséquences interdépendantes et (des) effets concomitants de la sécheresse et des inondations provoquées par le phénomène el niño (sont constatés) dans de nombreux secteurs, dont l’agriculture et la préservation des moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la santé, l’eau et l’énergie ». L’alerte a été donnée au plus haut sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Anomalie climatique
Devant cette situation, un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la SADC a été organisé le 20 mai. Par visioconférence, il a porté sur la sécheresse et les inondations causées par le phénomène el niño. La situation vire au rouge pour cette région de l’Afrique qui n’est pas épargnée par des phénomènes extrêmes.
El niño est une anomalie climatique, un phénomène océanique qui se caractérise par le réchauffement d’un immense réservoir d’eau superficielle qui s’étend du Pacifique central jusqu’aux côtes du Pérou et de l’Equateur. Cette anomalie chaude de température de surface de la mer, de l’ordre de 4° à 6°, s’accompagne d’une interaction océan et atmosphère qui perturbe les courants marins, la position relative de l’équateur thermique, le régime des alizés et plus généralement la circulation générale atmosphérique.
Aides humanitaires d’urgence
Madagascar n’échappe pas à ses conséquences. Par le biais de Rasata Rafaravavitafika, ministre des Affaires étrangères, la Grande île a pris part à ce sommet extraordinaire pour tenter de trouver une réponse régionale sur les impacts de ce phénomène. Justement, les membres de la SADC ont exprimé leur préoccupation sur « l’impact des catastrophes dans la région et au sujet de la crise humanitaire engendrée par la sécheresse et les inondations qu’el niño a aggravées, avec pour conséquence plus de 61 millions de personnes touchées ».
La réunion a été présidée par João Lourenço, le président angolais et président en exercice du sommet de la SADC. Les États membres ont lancé des appels face aux effets climatiques dévastateurs dus au changement climatique. La Grande île en particulier, par exemple – notamment la région Nord – a été durement touchée par le cyclone Gamane.
Il faut savoir qu’un el niño intense provoque bien souvent des perturbations tropicales de même intensité mais il favorise également les épisodes de sécheresse. Ces deux facteurs mettent en danger d’importantes populations dans les diverses régions de la Grande île. D’après les évaluations, près de 1,4 million de Malgaches sont en attente d’une aide humanitaire d’urgence. Plus largement, plus de 61 millions de personnes sont touchées par ce phénomène, selon la SADC.
Evaluations
L’organisation régionale a lancé un appel à l’aide humanitaire régional et un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte un soutien supplémentaire à la région, ce qui permettrait de répondre aux besoins urgents des citoyens dans les États membres et les communautés. « Un additif à l’appel humanitaire régional de la SADC sera publié en août 2024 et le document illustrera l’évolution en matière des besoins humanitaires à mesure que davantage d’États membres terminent leurs évaluations approfondies des répercussions de la sécheresse et des inondations causées par el niño », souligne l’organisation régionale.
La SADC demande également aux Etats membres d’être « proactifs » et de « renforcer les programmes de prévention qui permettront d’atténuer les risques climatiques tels que ceux qui découleront du phénomène la niña, prévu pour la saison 2024-2025 ». A l’inverse, d’el Niño, la niña correspond à la phase froide de ce phénomène d’oscillation thermique du Pacifique Oriental. La niña a eu un effet sur les régimes climatiques tels que la sécheresse et les inondations. Il est responsable de l’aggravation de la sécheresse notamment au Kenya, en Somalie, en Erythrée et en Ethiopie. La SADC a enjoint ses Etats membres à être solidaires. Elle a appelé les Etats « ayant des excédents céréaliers à privilégier les exportations vers d’autres États membres de la SADC accusant des déficits ».