Députés et des pitances

A l’issue des législatives du 29 mai dernier, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé la liste des occupants provisoires de l’hémicycle, ce 11 juin. Et nous tremblons déjà.

En temps normal, et dans un contexte démocratique normal, les députés sont les éléments clés de la République. Ils représentent la force législative, en votant les lois, en déposant des propositions de loi, en proposant des amendements pour modifier les textes examinés et en contrôlant l’action du Gouvernement. Le député agit aussi en tant qu’intermédiaire entre les citoyens et l’administration publique.

Malheureusement, dans la Grande île, certains élus usent et abusent de leur fonction et de leur onction populaire. La course aux travées de l’Assemblée nationale ressemble à une bataille pour la sacro-sainte immunité parlementaire, un précieux sésame pour s’adonner aux trafics en tout genre.

N’oublions jamais le cas d’un député élu dans la partie Ouest de l’île qui avait organisé une vraie campagne d’occupation illicite du Menabe Antimena. Aujourd’hui, l’administration et les partenaires techniques et financiers ont un mal fou à déloger ces occupants illicites qui continuent plus ou moins sporadiquement leurs œuvres destructrices.

Le Menabe Antimena est un sanctuaire avec ses forêts denses sèches abritant beaucoup d’espèces endémiques telles que le Hazomalany, le palissandre et des baobabs sans oublier les animaux.

N’oublions pas ces milliers de tortues prélevées dans la nature que certains collaborateurs des députés transitent illégalement pour nourrir le trafic international. Surtout, ne faisons pas l’impasse sur les menaces que portent certains députés sur les protecteurs de l’environnement.

Nous avons peur. Nous avons peur que les mêmes pratiques ne se reproduisent. Nous avons peur que certains de ces parlementaires étendent ou empirent les accaparements de ressources naturelles sous couvert de leur « immunité » et de leur fonction.

Heureusement que tous les députés ne sont pas faits du même bois. L’émergence de quelques nouvelles têtes peut aussi nourrir l’espérance. Elles sont appelées à proposer ou à adopter des lois en faveur de l’environnement.

 Même si l’espoir est mince, au vu des pratiques perpétrées depuis des années, on peut toujours compter sur l’apparition et la prise de responsabilité d’élus consciencieux qui puissent jouer le vrai rôle de député et aller au-delà de cette quête perpétuelle de…pitance.

Raoto Andriamanambe

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