Corruption et trafic d’espèces sauvages : « Nous devons avoir honte ! »

La Grande île a fait parler d’elle ces derniers mois à cause de la saisie de 48 lémuriens et plus de 1000 tortues radiées, victimes d'un trafic illégal, en Thaïlande. Cette affaire symbolise les défis qui demeurent immenses pour faire face au trafic d’espèces sauvages nourri par la corruption.

Hasard du calendrier ou forcing du destin ? La deuxième édition du forum national sur la lutte contre la corruption et le trafic d’espèces sauvages est tombée au moment pile où une délégation des autorités judiciaires thaïlandaises est entre les murs de la Grande île.

De manière générale, entre avril 2022, où s’est tenu le premier forum, et aujourd’hui, beaucoup d’eau ont coulé sous les ponts. Mais les trafics semblent être toujours d’actualité. « Les trafics n’ont pas augmenté. Ce sont les arrestations qui se sont multipliées », avait indiqué Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement Durable, durant un petit-déjeuner de presse.

Acteurs

Les richesses fauniques et floristiques aiguisent toujours autant les appétits. C’est dans ce contexte que s’est tenue cette deuxième édition du forum national sur la lutte contre la corruption et le trafic d’espèces sauvages, les 13 et 14 août. « Il est essentiel de réunir autour d’une même table les acteurs de la lutte contre le trafic d’espèces », avait lancé Nanie Ratsifandrihamanana, Country Director de WWF Madagascar. 

L’évènement qui tombe à point nommé a été organisé par le WWF et Transparency International – Initiative Madagascar (TI-MG) avec le soutien de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) dans le cadre du projet américain de lutte contre la corruption et le trafic d’espèces sauvages (CCWT, Combating Corruption and Wildlife Trafficking). Le projet a rassemblé un consortium de parties prenantes, notamment Traffic International, TI-MG et l’Alliance Voahary Gasy.

Divers acteurs aussi bien institutionnels (environnement, justice, force de sécurité) qu’issus de l’organisation de la société civile y ont pris part. Le constat est implacable, malgré les avancées, les défis restent trop importants. « Nous devons avoir honte ! Ce sont des pays étrangers qui se soucient de nos problématiques. A Madagascar, nous perdons du temps dans les prises de décision sans rien de concret », avait tonné le général Richard Ravalomanana, président du Sénat.

Legs

Aujourd’hui, les trafiquants rivalisent d’ingéniosité et de moyens pour faire passer au-delà des frontières malgaches, les animaux et les végétaux prélevés illégalement. « Il faut tout mettre en œuvre pour éradiquer ces fléaux qu’est le trafic de nos ressources naturelles. Mais les trafiquants s’adaptent sans cesse aux stratégies si bien qu’il faut des innovations continues en matière de politique pour y faire face. La contribution de tous et la clé de voûte de la réussite de notre combat collectif », avait soutenu le MEDD dans son message vidéo.

Le Chargé d’Affaires de l’Ambassade des États-Unis à Madagascar, Stephanie Arnold, a souligné cette question de legs. « Ensemble, nous pouvons créer un avenir durable pour les ressources naturelles de Madagascar. En combinant nos efforts, en partageant nos connaissances et en nous engageant à une amélioration continue, nous protégerons la faune et le patrimoine naturel uniques de Madagascar pour les générations à venir », a-t-elle noté. Des débats en panel ainsi que des ateliers de réflexion ont été inscrits à l’agenda pour mieux appréhender les enjeux clés questions clés telles que la protection des dénonciateurs environnementaux, les meilleures pratiques pour l’utilisation des données sur le trafic d’espèces sauvages et d’autres approches durables pour lutter contre le trafic d’espèces sauvages et de ressources naturelles. et contre la corruption à Madagascar.


Sommaire de la série « Corruption et trafic d’espèces sauvages »


Raoto Andriamanambe

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