« Le Gouvernement malagasy s’engage à garantir l’accès à une électricité fiable, abordable et durable à 80% de la population d’ici 2030 et à garantir l’accès à des solutions de cuisson améliorées et propres au moins à la moitié (50%) de la population d’ici 2030 ». C’est le cœur de la déclaration de la Grande île, dans le cadre de la mise en oeuvre du pacte énergétique national pour Madagascar. La Grande île veut avancer dans cette voie de l’électrification massive mais la route sera semée d’embuches et la question de l’argent est au cœur des préoccupations.
Réseau
Pour atteindre l’objectif établi, il faudrait en moyenne que 2,2 millions de personnes par an puissent avoir accès à l’électricité. Ce qui est colossale au vu des réalités sociales et surtout économiques actuelles. « On estime que le volume d’investissement nécessaire s’élève à environ 7 milliards de dollars », nous a confié Carlos Miro, le chef du projet PERER/TANGO. Le gouvernement malgache estime que l’accès à l’électricité devrait être réparti entre la JIRAMA, les mini-réseaux et les systèmes solaires domestiques du secteur privé. 0,4 million de personnes par an devrait être raccordé au réseau de la JIRAMA et le reste à travers le secteur privé pour atteindre ces 2,2 millions de personnes raccordées.
Electrification décentralisée
La Grande île est déjà pionnière dans la mise en place de « solutions isolée », grâce notamment au secteur privé. « Madagascar est un leader mondial dans l’électrification décentralisée. Aujourd’hui, il y a plus de 300 systèmes décentralisés opérationnels : par exemple, les réseaux isolés opérés par la JIRAMA ou les mini-réseaux opérés par d’autres opérateurs. Si on inclut les nano-réseaux et les kits solaires, nous arrivons aux centaines de milliers de systèmes décentralisés qui sont déjà opérationnels ici à Madagascar », souligne Carlos Miro. En ce qui est de la cuisson, environ 4,1 millions de personnes, soit 14% de la population, ont aujourd’hui accès à des technologies de cuisson améliorées.
Investissement supplémentaire
Lors de l’atelier de coordination entre les acteurs impliqués dans la réalisation du Pacte National Énergétique, entre autres les institutions et les partenaires techniques et financiers, le 1er avril dernier, les contours des clés de répartition pour accélérer l’électrification.
Pour atteindre 80% d’accès à l’électricité et 50% d’accès à la cuisson améliorée et propre d’ici 2030, le pays aura besoin d’un investissement supplémentaire total d’environ 7 milliards de dollars soit 1,2 milliard de dollars par an sur 6 ans, dont environ 40% devraient provenir du gouvernement (10% en ressources propres internes et 30% via des prêts et subvention de partenaires de développement) et 60% du secteur privé.
Investissements
Le nexus avec le secteur privé est donc essentiel et sera fondamental pour atteindre l’objectif. « Le fait que Madagascar affiche un taux d’électrification très bas représente une opportunité pour le secteur privé. plus de la moitié devrait venir de la part du secteur privé », continue le chef du projet PERER/TANGO. Pour atteindre cet objectif ambitieux, il faudrait donc une croissance exponentielle, alimentée par d’importants investissements du secteur privé, qui permettrait à 8,6 millions de personnes d’y avoir accès en 2026, à 12,4 millions en 2028 et à près de 18 millions en 2030.