crédit photo : naturepl.com / Nick Garbutt / WWF
Alors que les 30 000 rondins de bois de roses malgaches saisies à Singapour en 2014 font encore parler d’eux, l’on se questionne sur l’avenir des espèces existantes dans la Grande île. La montée en puissance des trafics d’espèces sauvages et protégées de ces derniers mois refait penser aux folies des années de transition (2009-2014) durant lesquelles des forêts entières de rondins de bois de rose descendaient les rivières jusqu’à la mer, où les exportateurs les chargeaient sur des bateaux en partance pour l’Asie du Sud-Est. Des milliers de conteneurs remplis de rondins de bois de rose ont été exportés illicitement.
Le prix du mètre cube est estimé à près d’1,5 million de dollar, (selon un rapport des Nations Unies). L’on peut imaginer les pertes économiques subies par le pays.
De dix à quatre-vingt
A en croire les scientifiques, l’une des difficultés de la conservation des espèces d’arbres menacées réside dans la distance entre l’organisme vivant et le bois qu’il produit. Plus concrètement, il s’agit des termes utilisés pour décrire le produit en tant que valeur marchande et l’espèce ou le genre d’arbre d’où le produit provient. Une difficulté taxonomique qui ferait que, pour identifier les espèces, de façon générale, les botanistes se baseraient sur le feuillage et les fleurs au lieu de se pencher sur les grumes ou encore les bois sciés.
Pour pallier cette lacune taxonomique, des scientifiques aussi bien nationaux qu’internationaux se sont penchés à la création d’une base de données permettant l’identification rapide des bois de rose malgaches sur la base de caractéristiques anatomiques, chimiques ou génétiques. Pendant des années, les chercheurs ont voyagé à travers le pays pour collecter des échantillons.
Une douzaine de nouvelles espèces de bois de rose largement utilisées dans le grand commerce ont pu être décrites via la méthode du code-barre ADN, portant ainsi à 80 le nombre d’espèces à Madagascar. Le nombre d’espèces enregistrées dans la Grande Île est ainsi passé d’une dizaine à quatre-vingt.
Un outil d’aide à la décision
Cette avancée majeure dans l’identification des nouvelles espèces répond, en partie, au besoin difficile de contrôler l’exportation des bois précieux. Cela renforce également le contrôle de l’exploitation illégale et le commerce international illégal.
La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et la surveillance du commerce mondial exigent une identification précise au niveau de l’espèce et une traçabilité géographique du bois (Dormontt et al., 2015 ), la Grande Île dispose d’un outil scientifique le permettant de différencier des espèces très similaires.
Les dernières statistiques relatives aux stocks font état de 2,6 millions de rondins de bois de roses disséminés dans tout Madagascar. Le gouvernement en disposerait du dixième tandis que le reste serait, soit non déclaré, soit entre les mains des « barons ». Ces richesses qui, savamment gérées et utilisées, pourraient aider à résoudre le problème de pauvreté ambiant.
Pour le moment, les bois de rose malgaches ont profité et continuent de profiter à un réseau mafieux qui est au-dessus de tous lois et règlements.