Autonomie régionale : Les enjeux de l’économie circulaire 

L’approche malgache de l’économie circulaire est très empirique et change d’une région à l’autre. Côté réglementation, les lois ne sont pas encore en phase avec ce concept. Des acteurs commencent à s’intéresser à l’industrialisation du concept afin de permettre une croissance locale et régionale.

Dépassionnée et démystifiée, l’économie circulaire pourrait constituer une piste de solution pour l’autonomisation des régions du pays. Si le concept est déjà connu et fait ses preuves ailleurs, les Malgaches le pratiquent depuis toujours sans s’en rendent compte. Ulrichia Rabefitiavana, experte en RSE (Responsabilité Sociétale d’Entreprise) et fondatrice d’Innoveo le confirment. « De manière un peu naturelle, l’économie malgache est circulaire par nécessité. On peut parler de la gestion des déchets comme exemple. Tant qu’on peut encore utiliser un objet, on le récupère, on le recycle et on le réutilise. C’est par survie et par nécessité qu’on le fait », nous confie-t-elle. Madagascar présenterait ainsi des opportunités pour développer encore plus l’approche de l’économie circulaire. Au lieu de simplement la limiter au recyclage des matières et au reconditionnement de certains produits, l’économie circulaire permettrait de créer des milliers d’emplois et générer des richesses économiques pour Madagascar. Pour cela, Ulrichia Rabefitiavana préconise une professionnalisation de cette approche qui est informelle et individuelle. L’idée serait d’en faire des opportunités économiques à l’échelle industrielle pour contribuer au développement du pays, d’un côté. Et surtout pour la valorisation des ressources naturelles, du savoir-faire local, de l’autre.

Réflexion

De quelles manières la loi peut favoriser l’économie circulaire ? Quelles sont les mesures incitatives mises en place ? Quid du cadrage ? Arriver à répondre à ces questions pourrait constituer le début d’un débat constructif sur la question relative au développement de l’économie circulaire à Madagascar. Des défis restent, en effet, à relever afin de parvenir à la modélisation de l’approche comme socle de développement économique et social. Étape suivie de la conception d’une stratégie de duplication du concept dans toutes les régions afin de le rentabiliser et de le rendre durable. Pour cela, une collaboration de toutes les parties prenantes serait nécessaire. « Il faut que les acteurs travaillent de façon transversale et voir les solutions répondant aux besoins réels des localités », a-t-on lancé lors d’un atelier sur les opportunités de la bioéconomie et de l’économie circulaire les 13 et 14 juillet 2023 à Antanimena. Outre la synergie des acteurs, il y aura également un besoin d’adaptation des lois à l’économie circulaire. Ce, dans la mesure où une fois adaptée, les lois devraient donner des orientations et principes clairs en ce qui est du passage de l’économie linéaire à celle circulaire. Toujours dans cette même logique, d’autres instruments juridiques devraient être mis en place afin de garantir la transition entre le modèle de l’économie linéaire à celui d’économie circulaire. Des campagnes de sensibilisation, d’accompagnement des acteurs locaux afin de faire de l’approche un modèle économique font également partie des pistes de solutions soulevées durant cet atelier de deux jours. Développer une économie circulaire à l’échelle régionale et locale se trouve être une des solutions viables et durables pour Madagascar. L’interdépendance des régions pourrait favoriser cette vulgarisation de la pratique.

José Belalahy

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