Agriculture durable : des vers de terre pour féconder les sols

Le recours aux vers de terre et aux lombricomposts dans l’agriculture, notamment dans l’amélioration de la qualité du sol, est une pratique déjà courante dans les autres pays. Des acteurs comme le Centre de coopération internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et le Laboratoire des RadioIsotopes se sont penchés sur la question pour le cas de Madagascar.

Revenir au naturel pour plus de rendement agricole. Pour cela, des études menées à Madagascar tel que le projet Innov’Earth et AFD-GDN suggèrent une nouvelle approche « utiliser les superpouvoirs des vers de terre autochtone aussi bien pour fertiliser les sols que pour le lombricompostage et la lombriculture ».

Multi-déficiences

Méconnus aussi bien du public que des exploitants agricoles eux-mêmes, ces animaux sont, en effet, des alliés majeurs dans le long processus d’amélioration de la qualité des sols. Et en termes de qualité, « les sols malgaches, plus précisément ceux des hautes terres centrales sont pauvres » si l’on s’en tient aux explications de Thierry Portafait, représentant de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à Madagascar.

A en croire ses dires, les sols du pays sont multi déficients à certains nombres d’éléments qui sont pourtant essentiels à la croissance des plantes. Cette solution contraint ainsi les exploitants agricoles, les paysans et les agriculteurs à fertiliser les sols par l’utilisation d’intrants. « Ces derniers ne sont forcément pas efficaces et bons pour le sol » précise Thierry Portafait. L’approche qui promeut l’utilisation des vers de terre autochtone se trouve être une solution innovante fondée par la nature et rentrant dans le cadre de la promotion de l’agriculture durable.

Des engrais naturels

L’intérêt des vers de terre autochtone en termes de fertilité du sol, et par ricochet pour la conservation de l’environnement, est démontré par les deux projets cités ci-dessus. Les résultats des recherches menées dans leurs cadres démontrent que l’approche est bénéfique et améliore de façon considérable le rendement agricole. Comme en témoigne Raoslo, paysan du Vakinankaratra ayant participé au projet « depuis que j’utilise les vers de terre comme engrais, mes récoltes se sont améliorées ». Selon toujours ses dires, « les vers de terre contribuent à la bonne santé du sol ». Ce, dans la mesure où faisant partie de la chaîne de dégradation des matières organiques, ils procurent des éléments essentiels et vitaux au développement des plantes.

Des vers de terre gasy

L’intérêt particulier des espèces autochtones a été soulevé par le Dr Bertrand Muller, chercheur, Coordonnateur du projet DINAAMIIC.  « Travailler avec des espèces autochtones permet d’éviter deux problématiques » note le chercheur. Avant de renchérir « dans le cadre de projets de recherche qu’on mène, on introduit des espèces venues d’autres pays et qui se sont adaptées aux conditions de leurs pays d’origine. Cette approche comporte plusieurs risques. Entre autres, la difficulté de développement de ces espèces compte tenu des conditions locales. L’autre problématique consisterait à une efficacité et forte activité des espèces importées entrainant l’extinction des espèces autochtones ».

Promouvoir cette nouvelle approche auprès des publics cibles (paysans, exploitants agricoles…) constitue un défi majeur. La transmission de ces données de recherche aux publics cibles nécessiteraient le concours d’organisme spécialisé. En effet, selon Thierry Portafait « la transmission des résultats de recherches vers les petites exploitations, les paysans et agriculteurs n’est pas évident pour les chercheurs ». Se tourner vers les ONG (Organisation Non Gouvernementale) est la solution trouvée par l’IRD afin de vulgariser la valorisation des espèces autochtones de vers de terre. Un long chemin à prendre si l’on veut reféconder les sols.

José Belalahy

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