Crédit carbone bleu : une manne pour Madagascar

Le ton est donné. Madagascar avance tant bien que mal dans son initiative d’être le « pays modèle carbone bleu » annoncé par le Président de la République, Andry Rajoelina, lors de la COP27. La restauration des forêts de mangrove dans la région Boeny est le projet pilote pour ce faire.

Selon le ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD), la région Boeny possède des mangroves sur une superficie de 64 249 hectares.

De ce fait, Boeny choisie comme site pilote pour la restauration des mangroves. Le 4 avril dernier, la ministre Vina Marie-Orléa l’a annoncé lors d’une visite dans la commune de Boanamary-District de Mahajanga II-Région Boeny.

Initiative

Il est question, d’après le ministère, de « répondre au défi annoncé par le Président de la République, lors de la 27ème Conférence des Parties à la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (COP27), de faire de Madagascar un modèle dans la promotion du carbone bleu ».  En effet, le 8 novembre 2022, dans son intervention à l’occasion du World Leaders Summit, en marge de la COP27 à Sharm el-Sheikh, Egypte, Andry Rajoelina a déclaré : « Notre Grande île dispose de 5603 km de côte. Nous avons donc un immense potentiel avec nos mangroves et nous ambitionnons de devenir le pays modèle carbone bleu. Nous n’avons pas droit à l’échec ».

En même temps, l’Initiative pour les marchés du carbone en Afrique (IMCA) a été lancée lors de cette COP. Elle vise à « soutenir la croissance de la production de crédits carbone et créer des emplois en Afrique ». L’objectif étant que cette croissance permette de « débloquer 6 milliards de dollars de revenus d’ici 2030 et plus de 120 milliards de dollars d’ici 2050 ; soutenir 30 millions d’emplois d’ici 2030 et plus de 110 millions d’ici 2050 ; ainsi que de distribuer les revenus de manière équitable et transparente avec les communautés locales ». Il serait donc dorénavant question pour Madagascar de saisir ce genre d’opportunités et de capitaliser ses potentiels.

Zone économique exclusive

Comme nous l’explique le Dr. Mahatante Tsimanaoraty Paubert, expert en changement climatique et ministre malgache de la Pêche et de l’Economie bleue, « le carbone bleu nous renvoie au phénomène de séquestration de carbone par les plantes et végétations aquatiques». Un domaine dans lequel la Grande île présenterait d’énormes potentialités. L’on peut citer, entre autres, « les 5 603 km de côte » qui font du pays, « le premier en termes de longueur de côte en Afrique ». La Zone économique exclusive (ZEE) de Madagascar, qui, d’après notre expert est « vaste de 1,141,000 km2 », s’affichant alors comme une potentialité non négligeable en termes de séquestration de carbone bleu.

Il y a également « la présence du plateau continental vaste de 870 000 km2, dans le sud … une mangrove qui est vaste d’environ 392 000 ha, des zones d’arrière-mangroves, où on peut développer beaucoup d’activités aquacoles, les marais salons qui sont des écosystèmes plus ou moins fermés où se développent des végétations aquatiques qui peuvent s’adapter à cet écosystème plus ou moins saumâtre, les quelques 155 000 ha de lacs » ou encore la quarantaine de fleuves et rivières « dont la longueur totale est d’environ 9 000 km ».

Bonnes pratiques

Suite à la COP27, le MEDD, dans son rapport, parle d’une « acquisition des leçons et bonnes pratiques pour la vente de Carbone » en prenant exemple sur des pays tels que « l’Indonésie ». Sachant que, d’après les explications du ministre de la Pêche et de l’Economie bleue, « aujourd’hui, le marché de carbone est aux alentours de 75 à 80 dollars la tonne. Parfois, si on négocie bien, on peut avoir jusqu’à 100 USD la tonne. » Il est alors important de « pouvoir multiplier les efforts car il s’agit d’argent propre ». En ce sens que « l’on conserve et protège l’environnement tout en se faisant de l’argent ».

Restaurer les forêts de mangrove dans la municipalité de Boanamary constitue un bon début.  15 ha sur les 30 projetés à Ambatolampy-Boanamary ont d’ailleurs déjà été réalisés. Mais une duplication de l’initiative à l’échelle nationale, avec plus d’implication des communautés, à une plus grande vitesse, serait sans doute le plus grand challenge.

Karina Zarazafy

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