© Capture d’écran Présidence de la République de Madagascar
Le président français a atterri à Madagascar, ce mercredi 23 avril, vers 10h40, pour ce qui est la première visite d’État de l’actuel hôte de l’Élysée sur la Grande île. Cette visite d’Etat entra dans une séquence « océan Indien » du président français. Il participera au sommet des chefs d’État de la Commission de l’océan Indien (COI) qui se tiendra le 24 avril et prendra part à divers programmes allant de l’économie à la jeunesse.
Situation géopolitique mondiale
Le premier temps fort de la visite était sans conteste l’entretien entre les deux présidents et surtout les échanges qui en ont suivi, dans le Palais d’État d’Iavoloha, en présence de ministres français et malgaches mais aussi de représentants des territoires. Outre les sujets classiques portant sur la coopération, résumés, en 5 axes (transport, énergie, autonomie alimentaire…), le président français a introduit un sixième sujet qui a été probablement mûrement réfléchi compte tenu de la situation géopolitique mondiale : les minerais critiques.
« En matière de minerais critiques et de terres rares (nous souhaitons que le sujet puisse être abondé dans) cette feuille de route », a souligné le locataire de l’Élysée. En pleine guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, et dans le cadre d’une lutte féroce pour les terres rares, Madagascar a des arguments à faire valoir. Ampasindava, par exemple, est l’un des plus importants gisements de terres rares en dehors de la Chine. Selon les estimations, Madagascar détiendrait la sixième plus grande réserve d’éléments de terres rares dans le monde.
Partenaires de valorisation
Les terres rares sont devenues indispensables à l’élaboration de produits de hautes technologies critiques en matière d’énergie ou d’application militaire. Au départ, elles constituaient un très faible marché, mais le développement des technologies propres dans les années 1990, à l’initiative des pays développés, a conduit à une explosion de la demande (alliages métalliques pour les batteries, aimants permanents pour les éoliennes, luminophores pour l’éclairage de basse énergie). Aujourd’hui, les industries de pointe dépendent de la Chine pour leur approvisionnement, la France n’échappe pas à la règle. Dans un rapport publié en 2018, l’OCDE prévoyait une augmentation exponentielle de l’utilisation des matières premières notamment des métaux passant de neuf gigatonnes en 2017 à 19 gigatonnes en 2060.
« (J’ai rajouté) ce thème à dessein parce que nous avons la conviction que nous pouvons avoir un partenariat en matière de terres rares et de minerais stratégiques. Nous pouvons développer des filières pour les valoriser en prenant l’exemple du photovoltaïque. (Madagascar) a toutes les composantes pour développer une telle filière et nous souhaitons être des partenaires d’une valorisation », a plaidé le président français.
Rendez-vous
Cette visite étatique est un moyen pour la France de réaffirmer son partenariat aux côtés de la Grande île mais également de se positionner sur les terres rares malgaches. Les deux Présidents ont expressément enjoint leurs ministres à s’atteler à la tâche. Du côté malgache, le ministre des Mines et des Ressources Stratégiques sera attendu au tournant.
Rendez-vous est pris pour le mois de juin, pour « dresser et voir les étapes qui ont été franchies par rapport aux six points qui ont été évoqués », comme l’a souligné Andry Rajoelina, le président malgache.