© Foibe Famantarana ny toetry ny andro
Le cyclone est entré par Ampisikinana vers 19h30 au stade de cyclone tropical intense avec des vents moyens de 130km/h et des rafales de 180km/h. Le 12 janvier, le Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes (BNGRC) a dressé le bilan provisoire du passage du cyclone Dikeledi dans la partie nord de la Grande île. Il fait état de 3 morts, de 1 702 personnes sinistrées, de 257 personnes déplacées et dégâts matériels importants.
Pertes directes
A cause de sa superficie, l’île est un passage fréquent de ces systèmes qui, à cause du changement climatique, sont appelés à devenir de plus en plus intenses et violents. « Posée entre le canal du Mozambique et le large de l’océan Indien, la Grande Île est le terminus des cyclones et tempêtes tropicales qui naissent sur la façade ouest de l’Australie », soulignait à ce sujet Le Monde dans un reportage consacré aux effets dévastateurs des dérèglements climatiques.
La zone Nord de la Grande île est parmi les plus exposées, comme toute la façade Est. Le profil de risque de catastrophe, dessiné par la Banque Mondiale en 2016, indique que Madagascar subira en moyenne, tous les ans, environ 87 millions de dollars de pertes directes dues aux vents, aux inondations et aux marées de tempête associés aux cyclones tropicaux, soit 86 % des pertes directes annuelles totales du pays causées par les séismes, les inondations et les cyclones tropicaux.
Près de 73 % de pertes dues aux cyclones tropicaux concernent le secteur résidentiel. L’étude estime à près de 20 millions de dollars en moyenne par an les dépenses d’urgence associées aux cyclones tropicaux. « Ces résultats montrent qu’une grande partie de Madagascar est exposée au risque d’inondations dues aux pluies provoquées par les cyclones tropicaux », souligne le document. Les marées de tempête sont plus intenses à l’extrémité nord de l’île, où la hauteur peut dépasser 2 m à certains endroits.
Activité cyclonique modifiée
Le changement climatique ne sera pas étranger à ces chocs subis par la Grande île. La température particulièrement chaude de l’océan Indien mesurée ces derniers mois, jusqu’à 1,5 °C au-dessus des normales, est un élément susceptible d’intensifier les cyclones. Les projections climatiques pour le XXIème siècle indiquent que l’activité cyclonique dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien pourrait être modifiée sous l’influence d’un climat qui se réchauffe.
« Il faut s’attendre à des vents de surface plus forts, des risques de submersions plus importants, avec l’effet conjugué de l’élévation du niveau de la mer moyen et d’une houle venant du large plus forte, ainsi qu’une élévation du niveau de la mer qui est, elle aussi, plus forte », avait alerté Marie-Dominique Leroux, responsable du service climatologue à Météo France, interrogée par Réunion Première.
Cyclones intenses
Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), pour 1,5 °C de réchauffement global, la proportion de cyclones tropicaux intenses sera 10 % plus élevée par rapport à aujourd’hui, et 20 % plus élevée à 4 °C de réchauffement, Les fortes précipitations qui accompagnent les cyclones tropicaux devraient être plus intenses à 2 °C qu’à 1,5 °C de réchauffement planétaire.
La limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C plutôt qu’à 2 °C réduirait les risques d’une hausse des épisodes de fortes précipitations à l’échelle du globe et dans plusieurs régions. La fréquence des cyclones tropicaux diminuerait mais le nombre de cyclones très intenses augmenterait (éléments probants limités, degré de confiance faible). Les précipitations qui accompagnent les cyclones tropicaux seraient plus abondantes à 2 °C qu’à 1,5 °C de réchauffement planétaire. Les conditions plus chaudes provoquées par le changement climatique vont, statistiquement, augmenter l’intensité des cyclones tropicaux.
Le cyclone Dikeledi est sorti en mer par les côtes Nord d’Ambilobe vers 23h15 au stade de forte tempête tropicale avec des vents moyens de 100km/h et des rafales de 140km/h.