Feux de forêt à Ranomafana : « Ça brûle depuis le 20 décembre ! »

C'est un véritable drame qui est en train de se produire dans un joyau de la biodiversité malgache : les forêts secondaires du parc national de Ranomafana, situé dans le Sud-est de Madagascar, sont en proie aux flammes.

© Erice Adèle
Dans le Nord, dans le Sud, à l’Est, au centre… Madagascar brûle littéralement avec des points de feu. Depuis le 20 décembre, un incendie localisé qui s’est étendu lentement mais sûrement dévore le parc national de Ranomafana. Les feux ravagent la partie du parc située dans le district d’Ambohimahasoa.

Ampleur

« Le peu d’éléments entre nos mains relayés par des observateurs locaux et par les membres de notre association nous indiquent que les flammes ont commencé vers Ambalakindresy », nous explique Eric Adèle, joint par téléphone. Il est technicien au sein de l’association Taratra, œuvrant pour l’agriculture et le développement à Mananjary et dans cette zone du pays. Ambalakindresy est une petite commune aux portes et une partie au cœur du parc national de Ranomafana.

Eric Adèle est sur place et fait un constat dramatique. « Entre 30 et 40 hectares sont partis en fumée. Il est bouleversant est de constater que la piste des incendies volontaires n’est pas à écarter. En effet, les départs de feu sont épars. Ça brûle depuis le 20 décembre avant que les étendues ne prennent cette ampleur », nous indique-t-il. « La population locale lutte actuellement pour essayer de maîtriser les flammes mais cela nécessite un appui des responsables. Il faudrait faire intervenir un hélicoptère », avait plaidé le député élu à Ifanadiana Haja Dinah dans une publication sur sa page Facebook.

 Mobilisation

Des feux de forêt surviennent régulièrement, mais la dimension qu’ils ont prise cette année est dramatique. Ranomafana est classé patrimoine mondial avec sa forêt dense humide de basse altitude (600-800m), sa forêt dense humide de moyenne altitude (800-1400m), sa forêt à bambous, son marécage ainsi que les espèces végétales et animales emblématiques comme les Pandanus, Varecia variegata variegate…

« Dès que j’ai su pour l’incendie, je me suis immédiatement rendu sur place. Il ne faut pas oublier : des milliers de personnes vivent grâce à cet écosystème. Les agents du Madagascar National Parks sont intervenus héroïquement ainsi que les habitants, mais les moyens sont insuffisants », se désole Eric Adèle. 

Du côté de l’administration, un Centre de Commandement Opérationnel « feux » regroupant le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD), le Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes (BNGRC) ainsi que d’autres départements ont été mis en place. Jusqu’à présent, des éléments des forces de l’ordre et des habitants locaux s’étaient mobilisés pour éteindre les feux sur place avec des moyens souvent dérisoires.

Faible pluviométrie

« C’est un véritable drame. Cela devrait servir de leçons à tout le monde, notamment aux autorités. Il faut être inflexible dorénavant vis à vis des auteurs de tavy ou des pyromanes, plaide notre interlocuteur. Il n’est pas rare que les personnes prises en flagrant délit de feux de forêt ou de tavy ne soient relâchées seulement une semaine après leur détention. C’est ce qui laisse un sentiment d’impunité », lâche Eric Adèle.

Devant ces différents feux qui dévorent les forêts et les steppes, monseigneur Fabien Raharilamboniaina, le président de la Conférence épiscopale de Madagascar (CEM) avait parlé en des termes sans équivoques : « sur la terre, c’est comme l’enfer ». Depuis mi-décembre, les départs de feu de brousse et de forêts n’ont cessé d’augmenter. La pluviométrie exceptionnellement faible a aggravé le phénomène.

Raoto Andriamanambe

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

S'abonner à notre newsletter