Selon l’ONU Femmes, l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, d’ici 2050, le changement climatique pourrait faire basculer « jusqu’à 158 millions de femmes et de filles supplémentaires dans la pauvreté», vivant avec 2,15 dollars par jour ou moins. Un scénario montrant une hausse de 16 millions de plus que les hommes et les garçons.
D’importants écarts
Jusqu’à 158 millions, c’est le nombre probable de femmes et de filles qui viendront renforcer le rang des populations « pauvres » d’ici 2050, au rythme de dégradation actuelle de l’environnement due au changement climatique. 236 millions serait par ailleurs le nombre de cette catégorie de la population à basculer dans l’insécurité alimentaire. En effet, d’après la déclaration de l’ONU Femmes à l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales du 15 octobre : « Les écosystèmes, les ressources naturelles et les moyens de subsistance sont épuisés, et la capacité des femmes rurales à sécuriser des ressources de manière sûre, comme des aliments sains, de l’énergie propre et de l’eau, s’est réduite ». La problématique liée aux femmes face au changement climatique est toujours d’actualité. Et même si des efforts ont été faits, le manque voire l’absence d’équité reste. A titre d’exemple, le 29 octobre durant une session d’information sur le genre et le changement climatique, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement climatique (CCNUCC) a évoqué qu’en matière de financement climatique, « seulement 0,01 % des fonds mondiaux sont alloués aux projets alliant changement climatique et droits des femmes ». De plus, les statistiques du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) indiquent que « seulement 2 % de l’aide bilatérale de 2011-2012, soit environ 469 millions USD, ont été consacrés aux initiatives d’autonomisation économique des femmes ». Des chiffres qui illustrent l’écart significatif dans les financements.
Egalité
« Il n’y a pas de justice climatique sans égalité de genre » a souligné Eileen Nchanji, spécialiste des questions de genre qui travaille avec l’Alliance of Bioversity International et le Centre international d’agriculture tropicale dans le cadre du programme de l’Alliance panafricaine de recherche sur les haricots (PABRA). C’était lors d’un café médiatique organisé par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) en collaboration avec Media for Environment, Science, Health and Agriculture (MESHA), le 30 octobre dernier. La 29ème Conférence des Parties (COP29) à la CCNUCC devrait marquer un tournant important dans la promotion d’une action climatique sensible au genre. Ce, dans la mesure où cette COP propose des initiatives comme le « Baku Harmoniya Climate Initiative » pour amplifier le rôle des femmes dans les solutions climatiques. Figurent ainsi parmi les priorités de la présidence de cette COP, le développement et la mise en œuvre de projets visant à assurer l’accès des femmes aux financements climatiques dans les régions les plus touchées. Rentre également dans ce cadre la promotion de l’éducation dans les technologies vertes et les pratiques durables. Et une attention particulière est portée aux groupes vulnérables, tels que les communautés autochtones, pour garantir une résilience inclusive face aux défis climatiques.
La COP29 propose ainsi des initiatives concrètes pour l’autonomisation des femmes ainsi que pour le renforcement de la représentation et de l’intégration du genre dans les processus. La transparence et l’intégration du genre dans les mécanismes de suivi y seront particulièrement étudiées. « Les femmes doivent être au premier plan du leadership dans l’action climatique » a d’ailleurs insisté Eileen Nchanji. Et la COP29 est l’occasion ou jamais d’asseoir un financement climatique plus inclusif et sensible au genre afin d’assurer une action climatique équitable et durable. Car, promouvoir le leadership féminin dans le climat va au-delà des questions d’inclusion. Il s’agit aussi d’une stratégie efficace pour renforcer la résilience et l’impact des actions climatiques au niveau global.