Mer rouge : Risque de marée noire, éventuel déversement de 150 000 tonnes de pétrole brut

La menace d'une marée noire plane sur la Mer Rouge suite à l'attaque par des rebelles houthis du navire "Sounion" le 21 août dernier.

Une catastrophe planétaire en suspens. La situation actuelle qui prévaut dans la Mer rouge fait craindre une marée noire d’une ampleur inimaginable. Le navire « Sounion » battant pavillon grec a été attaqué par des projectiles de rebelles yéménites. Les récentes informations relayées par les médias internationaux font savoir que le navire était en proie aux flammes à cause des explosions. Le risque de déversement marine d’hydrocarbures serait élevé étant donné qu’une opération de remorquage est jugée impossible. Déjà dans la tourmente à cause de la crise dans laquelle elle se trouve depuis le début du conflit opposant l’Israël et le Hamas, cette région du monde est menacée par une catastrophe écologique inégalée.

150 000 tonnes de pétrole brut, soit « près de 1000 fois la quantité de mazoutes déversés lors du naufrage du navire Wakashiro à l’île Maurice le 25 juillet 2020 », risquent d’être lâchées dans la nature. Ce qui peut se révéler dévastateur pour les écosystèmes marins et les moyens de subsistance de plusieurs communautés côtières. Pour le cas de l’île Maurice par exemple, les dommages liés au naufrage du navire Wakashiro ont été évalués à environ huit millions de dollars (8 millions USD). Le danger ne plane pas que sur les pays bordant la Mer Rouge. Les régions côtières de l’Océan Indien pourraient également être touchées par des pollutions par le pétrole ainsi que par d’autres produits et substances nocifs.

De la mer Rouge à Madagascar

Pendant que le tanker Sounion mobilise tous les pays du monde (ceux de la région Océan Indien ayant été informés de la situation), la crise de la Mer Rouge impacte de façon considérable et néfaste sur les trafics maritimes. Les flux maritimes entre les principaux marchés mondiaux se sont vus modifier. Fuyant le goulot d’étranglement maritime (le nord du Yémen, le sud de la mer Rouge et le détroit de Bab-el-Mandeb) dominé par les rebelles houthites, de nombreuses compagnies internationales ont opté pour un réacheminement de leur navire vers le Cap de Bonne Espérance.

Le trafic maritime dans le Canal de Mozambique s’en trouve alors exacerbé. Il est en effet connu que, chaque année, hormis lesdits navires qui transitent dans la zone à cause de la crise en Mer Rouge, plus de 7000 navires empruntent cette autoroute maritime. Les données recueillies auprès de l’OLEP ou Organe de Lutte contre l’Evènement de Pollution Marine contre les Hydrocarbures en mer font savoir que plus de 350 000 000 de tonnes de pétrole y circulent chaque année. Une éventuelle marée noire dans les régions aussi bien de l’Océan Indien que du Canal de Mozambique aurait des impacts dévastateurs et multi facettes, touchant l’environnement, l’économie, et la société locale. Les pertes touchent directement la biodiversité marine (fond marin, les faunes et flores marines, les récifs coralliens, les mangroves ou encore les aires marines protégées).

Les dégâts économiques concernent quant à eux les industries côtières telles que la pêche ou les diverses activités économiques en lien avec la mer et l’océan telle que l’écotourisme. A cela s’ajoutent les pertes socio-culturelles engendrées. La dégradation de la biodiversité et des écosystèmes, les impacts économiques négatifs et les conséquences sociales de probables incidents en mer exigent ainsi une préparation et une vigilance accrues.

Anticipation

Cette augmentation du nombre de navires qui s’acheminent vers le Canal de Mozambique pourrait entraîner des accidents tels que des déversements d’hydrocarbures lors de l’avitaillement, voire des naufrages. Le risque de pollution est élevé si l’on ne parle que de celles causées par des débris. Au niveau national, la Grande île dispose de l’OLEP pour faire face aux événements de pollutions marines dans ce genre. Cet organisme a été créé par le décret n°2004-994 du 26 octobre 2004 et a pour principale mission, la préparation et la coordination des opérations de lutte contre l’évènement de pollution en milieu marin et côtier par les déversements des hydrocarbures.

L’exercice national organisé à Toliara du 13 au 15 juin 2024 fait partie des initiatives d’anticipation et de préparation menées par cette entité dans le cadre de ses missions et attributions. Il était alors question de « préparer les équipes à réagir rapidement et efficacement afin de réduire les risques et les impacts négatifs sur le plan environnemental, économique et social. » L’enjeu est de taille pour Madagascar vu ses richesses : 5 400 km de côtes, 1 200 000 km² de Zone Économique Exclusive (ZEE), et les 2 millions de km² de Région de Recherche et de Sauvetage (SRR). Les exercices nationaux ambitionnent dans ce cas de mettre en place des mesures proactives et de mettre régulièrement en pratique les plans d’urgence existants afin de réduire les risques et les impacts négatifs potentiels. Ces initiatives ambitionnent également de garantir une gestion efficace des incidents marins futurs.

José Belalahy

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