Énergie solaire : l’étincelle économique de la commune Anosibe Ifanja

Opérationnelle depuis le mois d'octobre 2023, la centrale solaire installée dans la commune rurale d'Anosibe Ifanja fait bouger les choses. La population locale affiche sa satisfaction quant aux bienfaits socio-économiques que l'électricité lui apporte.

L’électrification rurale impulse une redynamisation du tissu économique de la commune rurale d’Anosibe Ifanja. Les activités génératrices de revenus fleurissent. « Il n’y a pas de délestage chez nous. Je peux travailler la nuit quand je le veux. J’ai pu m’acheter un réfrigérateur et d’autres appareils électriques. En fait, c’est comme si je vivais en ville alors que je suis ici chez moi ». Rafaly, ancien camionneur, agriculteur d’un certain âge qui a fait une reconversion dans la charpenterie, fait part des changements survenus depuis que son foyer a été électrifié.

Ateliers

Son chez lui, comme il l’a si bien indiqué, se situe à peu près à 130 kilomètres de la capitale. Plus exactement, dans la commune rurale d’Anosibe Ifanja, région Itasy. Avec quelque 22 000 habitants répartis sur cinq fokontany, cette commune dispose d’une centrale solaire d’une capacité de 33 kilowattheures crête. Une installation qui rentre dans le cadre d’un projet d’électrification rurale initié dans une centaine de villages malgaches par l’entreprise WeLight.

L’arrivée de l’électricité a induit une transformation socio-économique à Anosibe Ifanja. Comme Rafaly, Norosoa, une mère de famille et gérante de sa propre épicerie, atteste de ce qu’elle appelle un développement apparent dans son quotidien. « L’électricité a drastiquement changé notre quotidien. Cela nous offre diverses opportunités qui nous étaient auparavant inaccessibles, si l’on ne cite que l’utilisation des divers appareils électroménagers. Ceux-ci nous facilitent considérablement la vie. Nous pouvons chauffer nos repas avec un réchaud électrique, par exemple. Pareil, on peut utiliser un fer à repasser électrique. Ce qui est pratique les dimanches lorsqu’il faut aller à l’église », nous confie-t-elle.

Un impact positif de cette électrification rurale serait également observé sur les activités de Norosoa. « Je peux maintenant proposer d’autres produits et services. Cela attire de plus en plus de clients », nous explique la mère de famille. Ateliers d’ouvrages mécaniques, gargotes, salles de jeux ou encore ateliers d’ouvrages bois… fleurissent dans la localité. Des activités qui, en plus d’améliorer le confort chez la population, contribuent à la création d’emploi, faisant de l’énergie solaire un vrai moteur du tissu socio-économique d’Anosibe Ifanja. 

Une pauvreté énergétique curable

Soulager les maux de l’électrification à Madagascar. Un objectif ambitieux mais réalisable que le gouvernement malgache entend atteindre. Pour ce faire, le pays a adopté sa Nouvelle Politique de l’électricité (NPE) qui court de 2015 à 2030. Parmi les défis que la Grande île entend relevé figure « l’accès de 70 % des ménages à une source d’électricité ou d’éclairage moderne ; un équipement de 70 % des ménages en foyers de cuisson économes ; et un soutien de la transition vers un mix énergétique constitué à 80 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2030 ».

Pour faire face à la situation et essayer de changer la donne, le gouvernement s’est tourné vers les acteurs non étatiques. L’idée étant de « combler l’incapacité des services de l’État à satisfaire les besoins de la population ». Des mesures à long et moyen-terme ont été prises afin de réduire le déficit d’électrification qui maintient le pays et sa population dans le cercle vicieux de la pauvreté. Dans ses projections, WeLight ambitionne d’électrifier encore plus de villages répartis dans tout le territoire national. Ce qui devra nécessiter un financement conséquent étant donné qu’il faut environ 29 millions d’euros pour électrifier une centaine de villages.

Une hausse exponentielle 

Cet usage productif de l’énergie, plus particulièrement de l’électricité, améliore significativement la santé fiscale de la commune rurale d’Anosibe Ifanja. Rafanomezana Hanitriniaina, son maire l’atteste. « Avec l’électricité, les gens peuvent entreprendre », note-t-il. Ce qui a redynamisé de façon significative l’économie locale. L’augmentation des activités génératrices de revenus a poussé la population à s’acquitter de leurs obligations fiscales.

« Les administrés ont plus de revenus avec les diverses activités qu’ils peuvent mener. Ils répondent plus favorablement à nos campagnes de sensibilisation sur l’importance de payer les impôts », précise le premier magistrat de la localité. Une hausse des recettes fiscales a été observée depuis l’opérationnalisation de la centrale solaire au mois d’octobre 2023. « Dans notre prévision, on a tablé sur un recouvrement de 13 millions d’ariary d’impôts synthétiques. Finalement, nous en avons eu dix-neuf millions d’ariary », nous confie-t-il avec fierté.

Par ailleurs, cette électricité produite et distribuée par une entreprise privée s’acquiert moyennant une certaine somme. Par exemple, pour un ménage utilisant, en plus de l’éclairage, un réfrigérateur, un four, un fer à repasser et une meuleuse, il faudrait prévoir dans les 20 000 ariary de consommation tous les trois jours. Une somme qu’un foyer peut maintenant se permettre dans une économie redynamisée comme celle d’Anosibe Ifanja.

José Belalahy

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