Trafic d’espèces sauvages : branle-bas de combat pour le rapatriement des lémuriens et tortues appréhendés en Thaïlande

Le rapatriement des 48 lémuriens et 1079 tortues endémiques de Madagascar s'avère être une opération délicate pour toutes les parties prenantes concernées. Acteurs malgaches et étrangers s'impliquent dans l'objectif de mener à bien cette opération d'envergure internationale.

« Les animaux (les lémuriens et les tortues, NDLR) qui ont été saisis doivent être absolument rapatriés. Nous sommes en discussion avec les autorités thaïlandaises. Je me rendrai en Thaïlande, la semaine prochaine (cette semaine, NDLR), pour être au chevet de ces animaux et pour des pourparlers avec les autorités locales. Ces espèces sont nos fiertés. Croyez-moi, ils seront rapatriés ». Le ton de Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement Durable, voulait être résolument offensif lors de la célébration nationale de la journée internationale, le 31 mai dernier.

Délégation

Au cours du mois dernier, les autorités ont constaté plusieurs cas d’exportation illégale, tant aux niveaux national qu’international. Début mai, 48 lémuriens (des lémurs catta et des lémurs bruns) et 1 076 tortues en provenance de Madagascar avaient été saisis dans un grand hôtel en Thaïlande. Quelques jours après, des tortues, des caméléons et des serpents ont été interceptés par les agents des douanes, à l’aéroport d’Ivato.

Le ministre de l’Environnement et du Développement durable se serait envolé en Thaïlande dans le cadre du rapatriement de ces espèces emblématiques de la Grande île. Il conduit une forte délégation composée de responsables gouvernementaux et de représentants des partenaires techniques et financiers, si l’on s’en tient aux explications du Pr Jonah Ratsimbazafy, Président du Groupe d’Etudes et de Recherche sur les Primates de Madagascar ou GERP et Président de l’International Primatological Society (IPS).

Une opération complexe

A en croire ce scientifique malgache de renommée internationale, le gouvernement thaïlandais aurait accepté de rapatrier ces espèces dans la Grande île. Ce qui nécessiterait un travail de logistique de niveau international compte tenu de la complexité de l’opération. Une organisation à la fois internationale et nationale est en train d’être mise en place actuellement dans le but de ramener ces espèces endémiques à Madagascar.

La tâche incombe au Pr Jonah Ratsimbazafy. « Mon travail consiste à coordonner l’accueil de ces animaux dans le pays », nous a-t-il confié. Pour lui, il est primordial de protéger ces espèces d’éventuels nouveaux trafics une fois qu’elles seront remises dans leur habitat naturel. « Comment les protéger, comment devrait-on faire pour leur prise en charge médicale? Et où va-t-on les accueillir ? » Des questions dont les réponses reposeraient sur les épaules du professeur. Les négociations avec les acteurs et partenaires aussi bien nationaux qu’internationaux auraient permis d’être fixés sur certaines réponses. 

Réseau

L’organisation Rewild aurait accepté de financer les opérations tandis qu’un laboratoire vétérinaire se dit prêt à accueillir ces animaux pour leur prise en charge médicale. Pour ce qui est du centre d’accueil, le Pr Jonah Ratsimbazafy a émis des réserves quant au Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza. « Ces animaux ne seront pas envoyés auprès du Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza (PBZT). Pour moi, c’est un cimetière des faunes et flores endémiques de Madagascar », a-t-il interpellé.

Acteurs malgaches et étrangers se donnent la main afin de ramener les lémuriens et tortues malgaches dans le pays. « Ces animaux seront acheminés vers Mangily, à Toliara », soutient notre interlocuteur. L’ampleur des actions menées dans ce cadre de cette opération de rapatriement fait penser aux efforts nécessaires aux trafiquants pour leur faire sortir de la Grande Île. L’existence de réseau de trafiquants sous la coupe de personnes haut placées est indéniable dans ce genre de pratique. Ce, dans la mesure où les habiletés permettant à ces espèces de circuler librement d’une région à l’autre, d’un pays à l’autre, ne sont pas à la portée de simples citoyens.

José Belalahy

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