Les charbons écologiques font une percée

Plus 97% des ménages malgaches utilisent le combustible ligneux (charbon de bois et bois de chauffe) comme source d’énergie de cuisson « car c’est la plus accessible du pays », comme le note le WWF Madagascar. Mais la filière est également l'une de celles qui concourent le plus à la destruction de l'environnement et au déboisement qui est alarmant à Madagascar.

Aujourd’hui, les foyers malgaches sont dans une spirale inflationniste galopante. La cuisson fait partie des postes de dépenses les plus élevés. Le sac de charbon se négocie aux alentours de 35 000 ariary, voire plus, avec une qualité parfois médiocre.

Coût

La plupart des ménages ne peuvent se passer du charbon, même si le Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL) fait une percée timide et que son coût d’utilisation et d’achat est largement rentable par rapport au charbon. Pour le moment, 97% des foyers malgaches utilisent du charbon de bois ou de bois de chauffe comme source d’énergie. Ce qui représente une consommation annuelle de 18 millions de mètres cube. Soit 60 kilos par habitant. Le charbonnage affecte grandement les forêts malgaches. Il est l’une des causes principales de la déforestation.

« Sur la Grande île – et dans de nombreux pays en Afrique – la biomasse couvre une grande partie des besoins de consommation d’énergie primaire. Rien d’étonnant quand on sait que l’électricité ne représente que 2 à 3 % de ce mix. A Madagascar, c’est plus de 85 % de la consommation primaire qui est satisfaite par cette ressource, sous forme de bois et de charbon de bois, principalement utilisés pour le chauffage et la cuisine », note Beatrice Cordiano, experte en énergie pour Energy Observer.

Tentatives

Diverses tentatives ont été menées pour renverser la vapeur. La vulgarisation d’équipements de cuisson économes en énergie, les « fatana mitsitsy », permet d’améliorer le processus de cuisson. De tels équipements ralentissent la combustion, optimisent la consommation d’énergie et réduisent la consommation de combustible. « Ces fourneaux améliorés, combinés à des techniques de production plus performantes, permettent d’économiser jusqu’à 50 % de la consommation de charbon de bois », explique Beatrice Cordiano. Un guide pour une carbonisation efficace a été édité.

Le développement d’alternatives au charbon de bois, les charbons écologiques, est également une approche innovante et efficace. C’est dans ce cadre que le MEDD a établi une convention de partenariat avec 7 entreprises sociales et associations fabriquant de charbon écologique : Sahaza Charbon, Karma, Mi’Arina, Cadri, Mi-arina, Vehivavy Mahery ary ny Mada Eco Energie. « Il est impératif d’appuyer ces entreprises sociales dans le développement de leurs activités. Les charbons écologiques sont des solutions qui permettent de faire face à de nombreux défis : comme ceux de la santé, à travers la pollution de l’air que génèrent les charbons de bois, ou de l’économie... D’où l’importance de cette convention signée », explique Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable. Encore appelé charbon vert ou Bio-charbon, le charbon écologique est un combustible solide produit à partir de résidus agricoles et ménagers biodégradables, riches en carbone.

« Nous avons la capacité matérielle et humaine pour accroitre notre production. Mais nous avons besoin de soutien et d’appui », conclut directrice de l’Association pour la Promotion du Centre d’appui au développement rural intégré d’Ambohinaorina (CADRI), l’un des bénéficiaires de cet accompagnement porté par l’Appui aux Investissements Durables (AIDES) Madagascar. La production issue de ce partenariat aura un label et sera estampillé du logo du MEDD.

Raoto Andriamanambe

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