« Les phénomènes météorologiques extrêmes ont empêché Madagascar de progresser dans la réduction de la pauvreté »

La Banque Mondiale a diffusé les chiffres sur l’évolution de la pauvreté et des conditions de vie au cours de la dernière décennie. Les questions climatiques font partie des facteurs qui pèsent énormément sur le développement de la Grande île et sur le retard qu’elle accuse.

Madagascar n’a pas avancé. Il a, au mieux, stagné. Le constat du rapport d’évaluation de la pauvreté à Madagascar est sans équivoque : en 2022, 75,2 % de la population nationale était pauvre : 79,9 % dans les zones rurales et 55,5 % dans les zones urbaines. Le document rend compte de l’évolution de la pauvreté et des conditions de vie à Madagascar au cours de la dernière décennie (2012-2022). 

Pauvreté urbaine

« Évaluation de la pauvreté à Madagascar : naviguer sur deux décennies de pauvreté élevée et tracer la voie du changement ». Le titre du document est sans appel. Le contenu l’est tout autant. La Grande île n’a que très peu bougé. « Alors que la pauvreté rurale a légèrement diminué au cours de la décennie, la pauvreté urbaine a connu une augmentation significative de 31,5 % », indique le document qui a été présenté ce 22 février. La pandémie de Covid-19 et une série de cyclones ont exacerbé la pauvreté urbaine, entraînant des pertes d’emploi et des baisses de revenus parmi les ménages urbains.

Ainsi, le facteur environnemental occupe une place prépondérante. « Des chocs climatiques et externes répétés ont affecté les prix et les marchés du travail urbains, et réduit les opportunités d’emploi et de revenus », trace la Banque Mondiale. La résilience climatique est donc un défi de premier ordre pour l’économie et la société de la Grande île.

Retard sérieux

Avec ses infrastructures fragiles et souvent vétustes, Madagascar demeure vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes comme les fortes pluies, les cyclones, les sécheresses et les vagues de chaleur. En moyenne, les catastrophes naturelles coûtent à l’économie environ 1% du PIB chaque année et infligent des pertes dévastatrices aux communautés.

« La crise liée à la Covid-19 (a) balayé tous les efforts réalisés. La croissance (a été) annulée par (d’autres) crises notamment politiques et cycloniques. (Ce dernier point) est un élément assez important. (Ces problématiques combinées) ont créé un retard sérieux pour Madagascar (par rapport à l’Afrique subsaharienne par exemple) », estime Francis Mulangu, économiste principal en pauvreté, au sein de la Banque Mondiale à Madagascar et qui a dirigé l’équipe à l’origine de l’étude.

Evènements extrêmes

Le rapport de pauvreté et d’équité souligne les impacts des phénomènes météorologiques extrêmes sur l’économie et la société, notamment dans les zones rurales de la côte est. Pour les climatologues, s’il n’augmente pas la fréquence des cyclones, le réchauffement climatique les rend plus intenses et destructeurs. « Le nombre global de cyclones tropicaux n’a pas changé au niveau mondial, mais le changement climatique a augmenté la survenue des tempêtes les plus intenses et destructrices », résume le World Weather Attribution (WWA), un groupe de scientifiques qui cherche à établir le lien entre certains événements extrêmes et le réchauffement de la planète.

Les impacts des évènements extrêmes sur l’économie malgache seraient autrement plus dramatiques dans les années à venir.  Les cyclones qui ont frappé Madagascar au début de 2022 ont réduit la consommation par habitant des ménages touchées d’environ 30%.

Ces phénomènes extrêmes, comme le cyclone Batsirai, ont entraîné la destruction de « précieux actifs productifs. Les phénomènes météorologiques extrêmes en à maintes reprises empêcher le pays de progresser dans la réduction de la pauvreté », souligne la Banque Mondiale qui note également que « la bonne gouvernance est essentielle à la résilience climatique étant donné que le secteur public malgache devra prendre en charge un éventail croissant de choc lié au climat dans les années à venir ».

Raoto Andriamanambe

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