Crédits carbone : Madagascar reçoit 8,8 millions de dollars de la Banque mondiale

8,8 millions de dollars. C'est le premier paiement reçu par Madagascar pour la réduction de 1,76 million de tonnes d'émissions de carbone en 2020. Cela devrait cependant aller jusqu'à 50 millions de dollars si le pays arrive à réduire jusqu'à 10 millions de tonnes d'ici la fin de 2024.

Madagascar vient de recevoir 8,8 millions de dollars en crédits carbone pour la réduction de 1,76 million de tonnes d’émissions de carbone en 2020. Il s’agit du premier paiement d’une série de trois, dans le cadre de l’accord de paiement de réductions d’émissions (ERPA) conclu avec le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF) de la Banque mondiale.

Une étape de franchie. « Nous félicitons Madagascar d’avoir franchi avec succès toutes les étapes nécessaires pour recevoir le premier paiement de l’ERPA, et nous nous réjouissons de poursuivre notre collaboration en matière d’action climatique », a déclaré Atou Seck, responsable des opérations de la Banque mondiale à Madagascar. Ce premier paiement, inscrit dans le cadre de l’ERPA, fait de la Grande île, le troisième pays d’Afrique à être payé par la Banque pour la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts ou REDD+. Ce, après le Mozambique et le Ghana.

La déclaration de réductions a été effectuée par le Bureau National de Changement Climatique et REDD+ (BNCCREDD+) de Madagascar. Toutefois, la recevabilité de cette déclaration exigeait qu’une tierce partie procède à la validation et à la vérification, de façon entièrement indépendante, de toutes les informations fournies par le BNCCREDD+. Une étape plutôt lourde que, pourtant, Madagascar a passé haut la main.

Une zone de conservation prioritaire.

D’après la Banque mondiale, cet accord prévoit de débloquer « jusqu’à 50 millions de dollars pour réduire jusqu’à 10 millions de tonnes d’émissions de CO2 le long de la côte orientale du pays, riche en forêts pluviales, d’ici à la fin de 2024 ». Madagascar est en effet « l’un des huit principaux hauts lieux de la biodiversité mondiale et une zone de conservation prioritaire en raison du nombre important d’espèces menacées d’extinction ». Cependant, toujours selon l’institution, « malgré d’importants efforts de conservation, les écosystèmes de la forêt orientale du pays sont tellement fragmentés et dégradés que de nombreuses espèces animales indigènes ont disparu ». Ce qui justifie pourquoi les actions rentrant dans le cadre de cet accord se concentrent dans cette zone. Une zone qui couvre « 10% du territoire malgache » en s’étendant sur « près de 7 millions d’hectares le long de l’écorégion de la forêt humide de l’est du pays, qui abrite plus de la moitié des forêts pluviales riches en biodiversité de Madagascar ».

Atou Seck souligne d’ailleurs que : « Les forêts de l’est de l’île fournissent des services écosystémiques essentiels à l’atténuation du changement climatique et à la résilience, notamment la conservation de la biodiversité, la protection des bassins versants et l’atténuation des sécheresses et des inondations. Ce programme aide à protéger les forêts restantes qui sont inextricablement liées au bien-être de nombreuses communautés dans cette région et dans tout le pays. »

Quid de la redistribution ?

Ce premier versement effectué par la Banque mondiale dans le cadre de l’ERPA démontre que le marché carbone est loin d’être un mythe. Et comme tout autre marché, il y a une offre et une demande. C’est également une preuve que la préservation des forêts constitue une activité toute aussi lucrative que son exploitation. A la différence que la conservation s’inscrit dans la durabilité tandis que le mode d’exploitation actuelle des forêts malgaches est l’une des causes principales de sa forte dégradation et de l’extinction des espèces. La question serait maintenant de savoir comment cet argent, ainsi que ceux qui sont encore prévus dans le cadre de cet accord avec le FCPF, seront-ils répartis ? L’on parle d’un « décret sur le carbone forestier » qui est supposé « assurer une redistribution équitable et une utilisation efficace et optimale de la compensation ». Cependant, pour l’heure, l’on n’a aucune information concrète quant à cette redistribution. Selon le ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD), « 80% de ce paiement sera destiné aux actions de conservation ainsi qu’à la mise en place d’infrastructures au niveau local, tandis que les 20% iront à la gestion des affaires courantes ».

Karina Zarazafy

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