Les parcs nationaux de Bemaraha, Ankarafantsika, Mikea, Tsimanampesotse, ainsi que les réserves naturelles spéciales d’Analamerana et d’Ankarana… Ce sont, entre autres, les composantes des forêts sèches de l’Ouest de Madagascar.
Elles se sont développées dans des conditions très variables mais elles demeurent parmi les écosystèmes les plus menacés de l’île. Ces trésors de l’île ont été consacrés patrimoine mondial de l’UNESCO (l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), ce 16 septembre 2023, à Riyad, en Arabie Saoudite, lors de la réunion élargie du Comité du Patrimoine mondial de l’Unesco.
La Grande île a débuté la pré-soumission de ce dossier en 2020. Les Forêts sèches de l’Andrefana ont fait partie de la liste indicative de Madagascar, depuis l’année 2008. Cette zone couvre une superficie d’un peu moins de 735 000 hectares.
Endémisme
Pourquoi les forêts sèches de l’Andrefana sont-elles aussi particulières ? Elles présentent des centres d’endémisme importants qui sont le résultat d’une évolution en vase clos sur une grande île massive séparée de toute autre terre depuis des dizaines de millions d’années.
Ces centres d’endémisme ont évolué dans l’isolement résultant des barrières géographiques créées par un réseau de grandes rivières et des oscillations paléoclimatiques au fil de millions d’années, où les variations du régime des pluies ont conduit à l’expansion et au recul des écosystèmes forestiers. Le bien représente et conserve des écosystèmes, des habitats et des espèces uniques au monde.
Les forêts sèches se distinguent nettement des forêts humides de Madagascar avec des groupes phares entièrement limités aux formations sèches tels les baobabs, la plupart des membres de la famille des Didiereaceae, les flamboyants, des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des amphibiens, des tortues terrestres et plus de la moitié des scorpions. En ce qui concerne les lémuriens, propithèque de Perrier et le lémur mongos, y ont élu domicile. Le pygargue de Madagascar et l’avahi occidental peuvent être observés dans ces zones. Dans les ordres et les familles endémiques de Madagascar, plusieurs genres et espèces ne sont présents que dans les forêts sèches ou les fourrés épineux.
Diversité des systèmes évolutifs
Pour l’UNESCO, « le long isolement de Madagascar a contribué au développement d’un laboratoire naturel de l’évolution marqué par une diversité biologique exceptionnelle, un taux d’endémisme parmi les plus importants du monde, et un grand nombre de lignées anciennes qui ont disparu partout ailleurs à l’instar de l’ordre endémique des mésites avec une ancienneté de quelque 54 millions d’années ».
Les Forêts sèches de l’Andrefana sont parmi les spots de cette endémicité. Elles sont indispensables à la protection des écosystèmes et de la biodiversité endémiques de l’île, ainsi que de la diversité des systèmes évolutifs, écologiques et biogéographiques qui se sont développés à Madagascar.
Préservation
Une inscription sur la Liste du patrimoine mondial apporte une visibilité internationale et un nouveau regard des habitants sur le patrimoine exceptionnel qui les entoure tout en les encourageant à le préserver.
L’idée de créer un mouvement international pour protéger le patrimoine est née après la Première Guerre mondiale. La Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel procède de la fusion de deux mouvements distincts : le premier, centré sur les dangers menaçant les sites culturels et le second, axé sur la préservation de la nature. L’inscription des Forêts de l’Est est une bonne nouvelle et un immense défi pour Madagascar. Elles font face à d’importants challenges en termes de conservation. La pression anthropique y est très forte.
« Ces sites bénéficient ainsi du plus haut niveau de protection patrimonial au monde et pourront avoir accès à de nouvelles opportunités d’assistance technique et financière de l’Unesco », précise l’organisation onusienne dans un communiqué de presse. L’Atsimo-Andrefana, qui abrite la majeure partie de ces forêts classées, a une population d’environ 1 200 000 habitants. Ce qui en fait la cinquième région la plus peuplée de l’île. Elle est aussi parmi les plus pauvres.