Marché carbone : « un loup déguisé en agneau » pour l’Afrique ?

Power Shift Africa, 350 Africa.org, CAN Africa, Africa Water Justice Network, MUHURI, Africa Coal Network, Africans Rising for Unity, Justice, Peace and Dignity, et Friends of the Earth Africa, interpellent les différents Etats du continent sur les dangers et les failles de l'Initiative pour le marché africain du carbone (ACMI).

L’Initiative pour le marché africain du carbone (ACMI), lancée le 8 novembre 2022 en marge de la 27ème Conférence des Parties sur les Changements Climatiques (COP 27) à Sharm el-Sheikh, Egypte, serait « une dangereuse distraction pour l’Afrique, qui se détourne de ses véritables intérêts et priorités en matière de développement, d’énergie, de climat, de biodiversité et de résilience ».

Messages

Les organisations Power Shift Africa, 350 Africa.org, Climate Action Network Africa (CAN Africa), Africa Water Justice Network, Muslims for Human Rights (MUHURI), Africa Coal Network, Africans Rising for Unity, Justice, Peace and Dignity, et Friends of the Earth Africa, ont alors sorti au tout début de ce mois de Septembre 2023, un document de plaidoyer d’une cinquantaine de pages alertant quant aux pièges que renferme l’ACMI.

« Les pays africains réclament à juste titre des financements pour le climat aux pays pollueurs et aux entreprises du Nord, qui sont à l’origine de la crise climatique qui dévaste la population, l’économie et la nature africaines. Mais les marchés du carbone profitent aux pollueurs, aux entreprises de combustibles fossiles et aux courtiers du marché. Il va pousser la pollution au-delà des limites climatiques et mettre en place des obstacles néocoloniaux à la réalisation de véritables voies de développement africaines. »

Tels sont les messages d’alerte lancés par ces différentes organisations appelant à la prise de conscience de chaque Etat Africain, de la bombe à retardement que représente cette initiative. Elles intiment ainsi les pays ayant pris part au premier Sommet Africain sur le Climat, qui s’est tenu les 4, 5 et 6 septembre à Nairobi, Kenya, à la rejeter.

A l’heure où la science du climat appelle à la nécessité de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5°C, la question de la compensation ne devrait plus avoir lieu.

Question de la compensation

« C’est un loup déguisé en agneau qui mordra à son tour, créant de nombreux problèmes nouveaux et graves sans apporter de réels avantages » soulignent-elles. Toujours d’après les explications fournies par ces militants climatiques dans leur missive : « Les marchés du carbone partent du principe que les entreprises occidentales continueront à émettre d’énormes quantités de gaz à effet de serre (GES) au cours des prochaines décennies et qu’elles achèteront des crédits carbone pour « compenser » ces émissions. Mais l’illusion des compensations n’a pas sa place dans un monde qui a largement dépassé les niveaux de sécurité en matière de pollution climatique et où les entreprises polluantes devraient viser le plus rapidement possible des émissions réellement nulles, et non pas nettes. »

En effet, à l’heure où la science du climat appelle à la nécessité de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5°C, la question de la compensation ne devrait plus avoir lieu. « Il n’est plus temps de prétendre qu’il existe une alternative de compensation si nous voulons rester dans les limites de l’objectif de 1,5°C » insistent ces organisations expertes des questions climatiques. Toujours dans cet élan, Power Shift Africa et ces compères attirent l’attention sur le fait que l’ACMI affirme avoir comme objectif de « créer un marché pour un produit d’exportation de grande valeur ». Alors que, d’après leur analyse, « les deux plus grands gagnants des marchés du carbone sont les entreprises de combustibles fossiles, car ils permettent aux entreprises du monde entier de continuer à brûler leurs produits polluants en toute impunité, et les courtiers financiers qui achètent et vendent les crédits avec d’énormes marges ».

Le premier Sommet africain sur le climat semble s’être conclu sur des notes positives en faveur du développement des énergies vertes. L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), en collaboration avec le Kenya, le Danemark, l’Allemagne et les Émirats arabes unis, ont fondé le « Partenariat accéléré pour les énergies renouvelables en Afrique (APRA). 4,5 milliards de dollars ont été promis par ces pays dans ce cadre. Dans la foulée, les Etats-Unis auraient abondé à l’ACMI…Affaire à suivre.

Karina Zarazafy

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